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En circuit fermé

Régler les cas de menaces d’agression et de harcèlement sexuel ne se fera pas en claquant des doigts. C’est la bête conclusion qu’on peut tirer de cette histoire de propos sexistes tenus par des étudiants en médecine dentaire de l’Université Dalhousie, dans un groupe Facebook ironiquement nommé Class of DDS 2015 Gentlemen.

Les propos rapportés sur cette page sont extrêmement dérangeants. Ils le sont d’autant plus qu’ils ont été écrits par des personnes qui souhaitent occuper des positions d’autorité médicale. On y profère des menaces de violence sexuelle, on y suggère l’utilisation de chloroforme à des fins autres que la dentisterie, on y banalise les conséquences du viol et on y définit le pénis comme «un outil pour convertir les lesbiennes et les vierges en membres productifs de la société», entre autres choses. Plusieurs de ces interventions sont de mauvais goût, d’autres sont à caractère haineux, d’autres surfent sur la mince ligne qui sépare ce qui est de nature criminelle de ce qui ne l’est pas. Alors on fait quoi?

D’un côté, le processus de justice réparatrice proposé par l’Université Dalhousie ne semble pas satisfaire des victimes qui préféreraient porter plainte formellement. Celles-ci estiment qu’elles subissent de la pression pour participer à cette espèce de tribunal soft. D’un autre, révéler le nom des 13 étudiants impliqués semble être une peine démesurée, étant donné qu’on n’a pas encore évalué la responsabilité de chacun dans cette affaire. Avoir son nom sali à vie parce qu’on a fait partie d’un groupe d’imbéciles, c’est vrai que c’est exagéré.

Sur les ondes de Radio-Canada, le chroniqueur judiciaire Yves Boisvert a comparé cette situation à ces discussions pas trop glorieuses qui ont lieu dans les vestiaires sportifs.

C’est la raison pour laquelle ces événements doivent être traités avec la plus grande diligence. Le problème, avec les paroles niaiseuses dites dans des cercles présumés fermés, est qu’elles limitent la participation des femmes à ces groupes. Elles créent des espaces où les femmes ne sont pas les bienvenues parce que ce qu’on y dira risque fort probablement de les rendre mal à l’aise. Bien sûr, certains hommes s’y sentent aussi mal à l’aise. C’est la raison pour laquelle les captures d’écran issues de ce groupe ont été révélées.

Plusieurs personnes sont restées surprises dans les dernières années d’apprendre que des menaces de mort sur Facebook pouvaient mener à des accusations criminelles, voire à une peine d’emprisonnement. Au début, ces peines pour des actes «virtuels» ont été jugées exagérées. «Voyons donc, c’était pas sérieux, c’était juste sur Facebook!» En 2015, de plus en plus rares sont ceux qui ignorent à quoi ils s’exposent en proférant de telles menaces. Lorsque des menaces de mort sont faites sur les réseaux sociaux, elles sont rapidement signalées aux autorités, comme devraient l’être à l’avenir les menaces de viol, même si elles ont été faites dans des groupes restreints. Parce que la médiatisation de ces cas, et l’évocation des conséquences possibles, devrait sensibiliser la population au fait qu’il s’agit de gestes graves.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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