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Climat: les babines et les bottines de Denis Coderre

Des quotidiens ont fait paraître ce matin une lettre ouverte du maire de Montréal, notre seul et unique Denis Coderre, et de la mairesse de Paris, Anne Hidalgo. Un texte sur les changements climatiques intitulé «De nécessité à urgence», un texte rempli de vérités de la Palice et de vœux pieux, et dépourvu d’engagements concrets pour agir sur ladite urgence. Bref, un texte qui ne veut absolument rien dire et qui ne sert à absolument rien. Ce texte est d’autant plus insignifiant que sa phrase la plus importante est invalidée, à Montréal du moins, par de multiples décisions de l’administration municipale.

En effet, la phrase la plus radicale du texte est celle-ci : «La lutte contre les changements climatiques […] est devenue une urgence à laquelle il nous faut répondre ici et maintenant en changeant notre mode de vie, notre façon de penser, et en remettant en question nos habitudes et nos certitudes». Il n’y a rien de plus cruellement vrai. Mais pour reprendre une expression que notre maire aime bien : encore faut-il que les bottines suivent les babines.

Denis Coderre aura beau nous parler de la flotte de véhicules électriques qu’il souhaite implanter ou de son intention de faire installer des bornes électriques, le problème de Montréal, c’est justement l’incapacité de Denis Coderre de remettre en question les habitudes des citoyens.

Ce refus de remettre en question le statu quo s’incarne dans de toutes petites choses qui envoient de puissants messages. Par exemple, on a construit un tout petit trottoir de 70 cm parce qu’on a été incapables de renoncer à des places de stationnement, ce qui aurait remis trop drastiquement en question l’hégémonie de la voiture comme moyen de transport. Cette suprématie de la voiture se manifeste également dans le manque de protection que l’on confère aux piétons, dans un réseau de transports en commun qui ne répond pas à la demande, et dans une obstination à faire payer par l’ensemble de la collectivité un pont qui sera utilisé en grande partie par des individus qui ont fait le choix des deux voitures et de la grande maison de banlieue, au détriment d’une saine densité.

Pour agir sur le climat, ça prend des mesures concrètes, structurantes, globales et coercitives. Il faut être prêt, comme l’écrit Coderre dans sa lettre, à remettre en question ses habitudes et ses certitudes. Ça ne devrait pas nécessairement être confortable. Mais ça se fait. Plusieurs états américains interdisent désormais la vente de produits contenant des microbilles. La France a récemment interdit aux supermarchés de gaspiller la nourriture, en plus d’imposer à tout nouveau bâtiment commercial d’avoir un toit vert ou recouvert de panneaux solaires. San Francisco est en voie de devenir une ville entièrement sans déchets. À Montréal, on ne veut pas imposer le retrait des sacs de plastique parce que des sondages disent que les gens ne veulent pas. Avec une telle volonté, il ne sera pas facile de changer nos habitudes et certitudes.

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