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«T’as pas besoin de vivre ça»

Je ne suis pas la cliente habituelle des campagnes à caractère social. Je vois d’abord l’intention marketing derrière l’organisation qui veut faire belle figure, et je trouve généralement que l’entreprise rate sa cible. Toutefois, la campagne Bell cause pour la cause a fonctionné pour moi. Je n’ai pas twitté un message inspirant avec le mot-clic #BellCause, j’ai appelé la ligne Info-Social.

À force d’entendre des personnes qui ont réussi à mettre derrière elles leurs problèmes d’anxiété dire «T’as pas besoin de vivre ça», j’ai décidé d’aller chercher de l’aide.

J’ai fait ma première attaque de panique à l’âge de 8 ans. Sophie la pas fine avait parti une rumeur sur moi à l’école, et c’était même pas vrai! Ma mère pensait que je faisais de l’asthme, mais après avoir rencontré l’infirmière de l’école et pleuré un bon coup dans son bureau, j’avais retrouvé le souffle. À l’adolescence, chaque matin était un calvaire: j’étais envahie par la peur de m’évanouir dans le métro, passage obligatoire pour me rendre à l’école. Dans les classes, je m’asseyais près de la porte pour pouvoir sortir rapidement si jamais j’avais un malaise. Je n’ai rien dit à personne: je pensais que c’était de ma faute parce que j’avais déjà pris de la drogue.

À différentes périodes de ma vie, ces attaques de panique ont pris différentes formes. Ce qui n’a pas changé, c’est leur manière de rendre ma vie désagréable.

Récemment, j’ai dit à une amie que je faisais ça, moi, de temps en temps, des attaques de panique. Quand elle m’a demandé à quelle fréquence, je lui ai dit, «bah, dans les périodes plus difficiles, deux ou trois fois par jour…» J’ai compris à son étonnement que c’était beaucoup.

Je ne sais pas comment j’en suis venue à croire, depuis plus de 20 ans, que c’était normal d’avoir le sentiment de manquer d’air, d’être étourdie, d’avoir le souffle court, d’avoir peur de m’évanouir ou de mourir d’une rupture d’anévrisme à tout bout de champ. Probablement en raison de tout le tabou qui entoure la santé mentale. Mais je sais que la discussion qu’engage la compagnie de téléphone à ce sujet fonctionne.

Soyons sérieux: Bell a un budget philanthropique déterminé. L’argent qu’elle donne pour chaque texto ou mot-clic, elle pourrait très bien le remettre sans notre intervention. Elle s’est engagée à remettre 100 millions de dollars à la cause de la santé mentale. Elle a choisi de le faire en nous incitant à en parler.

Ça fait que j’ai composé le 811, la ligne Info-Social. Le travailleur social qui m’a répondu m’a posé des questions sur mes symptômes, m’a donné des trucs, m’a proposé des ressources, et il m’a dit: «T’as pas besoin de vivre ça.»

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