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Qui exploite qui?

Photo: Getty Images

Il est de bon ton dans certains milieux de mépriser les émois et les épanchements des stars, qu’on juge tantôt racoleurs, tantôt carrément exhibitionnistes. C’est ainsi qu’une journaliste de L’Obs a accusé Céline Dion d’«exploiter son veuvage» lors d’une entrevue de 15 minutes accordée à la chaîne BFMTV.

Dans son article intitulé «Céline Dion à BFMTV: jusqu’à la nausée», la journaliste semble établir un lien entre le temps consacré par notre Céline nationale à discuter de son deuil et la vente de billets de spectacles pour conclure: «Le racolage actif n’est-il pas puni par la loi? Ne pourrait-on pas imaginer poser quelques limites à la promotion?»

Il est fascinant de voir à quel point il est facile d’inverser les rôles pour faire passer l’exploité pour l’exploiteur et vice-versa. La meilleure façon de déceler la chose est peut-être de comprendre qui a le plus à gagner dans l’exercice. La série de concerts que Céline Dion donnera à Paris jusqu’au 7 juillet affiche complet. S’il y a une chose dont la chanteuse n’a pas besoin pour vendre ses spectacles, c’est l’attention d’une chaîne qui détient en moyenne 2 % des parts de marché en France. Si ça se trouve, c’est une faveur que la chanteuse fait à la chaîne, comme le reconnaît l’animatrice d’entrée de jeu. C’est d’ailleurs l’intervieweuse qui aiguille Céline sur des questions plus personnelles. Elle ne lui demande pas quelle sera la liste des chansons mais bien comment elle vit son deuil.

S’il y a matière à controverse, c’est donc bien plus BFMTV qui exploite le veuvage de Céline que l’inverse. D’ailleurs, la journaliste de L’Obs ne finit-elle pas elle aussi par exploiter le joyau de Charlemagne en générant des clics pour son article anti-«pipole» sur le dos d’une star endeuillée?

Nous sommes tous d’accord pour dire que la vie privée de nos idoles ne relève pas de l’intérêt public. Il n’en demeure pas moins qu’il y a un public pour ça, et s’il y a un public pour ça, il y aura des médias pour en tirer profit, généralement aux frais de ces vedettes. En témoigne la plus récente tendance à dévoiler les détails des transactions immobilières de vedettes comme Marie-Mai, Sarah-Jeanne Labrosse ou Louis-José Houde. N’est-il pas ironique que pour faire la promotion de sa dernière émission, Déjà dimanche! ait retenu le segment où Louis-José Houde dénonçait cette pratique? Est-ce vraiment le coup de gueule de l’humoriste qui incite les téléspectateurs à syntoniser ou le désir d’entendre encore parler de sa belle grande maison?

Quant à Céline, elle a sûrement perdu espoir depuis des lustres que nous restions indifférents devant ses petites joies et ses grandes misères ou à propos de son parc immobilier. La seule chose qu’on puisse lui reprocher au sujet de cette entrevue accordée à BFMTV est peut-être sa réponse évasive sur la question du terrorisme international. Mais bon…

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