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Le retour sur investissement

Photo: Les Films Séville

Suis allé voir 1991 de Ricardo Trogi. C’est ben bon. Vraiment ben ben bon. Est-ce aussi fort que 1981 et 1987? Probablement. Je dis probablement parce que, bien entendu, l’effet de surprise est forcément moins puissant. Par exemple, on sait déjà que Jean-Carl Boucher sera d’une remarquable efficacité dans le rôle principal, que la mère (Sandrine Bisson) va encore nous offrir des moments d’anthologie avec ses pétages de coche et que la narration délirante de Trogi lui-même va encore taper en plein là où ça compte. J’affirme sans peur de me gourer qu’il s’agit là de la meilleure comédie présentée dans nos salles cet été. En tout cas, la vue de Trogi n’a rien à voir avec le cinéma de grosses farces grasses roulées dans la panure que les Américains nous servent encore et toujours.

En sortant de la salle, je me suis rappelé les premières images de Trogi que j’ai pu voir à la télé. Ça remonte à plus de 20 ans. Déjà à ce moment-là, on savait que quelque chose se tramait. C’était au temps de La course destination monde, un joyau de concept jadis présenté sur les ondes de la télé d’État. C’est également dans le cadre de cette émission qu’on a vu grandir les talents de Denis Villeneuve, Philippe Falardeau, Hugo Latulippe, Philippe Desrosiers et tant d’autres belles têtes qui partaient avec leur caméra à la découverte du globe. Chaque semaine, le partage qu’ils faisaient de leurs trouvailles tenait souvent du génie. En 2018, on doit s’en remettre aux participants d’Occupation double Bali pour combler notre envie d’aller voir ailleurs. Pauvre nous…

J’imagine qu’on a arrêté La course destination monde pour une raison budgétaire. Ça doit être ça, c’est t-o-u-j-o-u-r-s pour ça. Sauf qu’on aurait peut-être dû comptabiliser les coûts d’une émission pareille dans la colonne des revenus et non dans celle des dépenses. Quand je regarde le travail de ceux et celles qui sont sortis de cette aventure, quand j’évalue la valeur de leur contribution à la culture d’ici, j’ai la certitude que «l’argent de nos taxes» – comme le martèlent nos éternels donneurs de leçons – a été fort bien investi. Seul problème : essayez d’expliquer ça au comptable qui prépare les budgets de notre télé…

Le prochain Ricardo Trogi fera-t-il partie de la prochaine édition d’Occupation double? J’ai comme un doute…

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Bien content d’apprendre que le bar à spectacles Le Verre Bouteille venait de changer de main et qu’on allait continuer à y présenter des spectacles. Avec la disparition du Divan Orange, de l’Inspecteur Épingle et des Bobards, les places où nos artistes peuvent jouer leur musique commencent à manquer cruellement. Pour ceux-ci et celles-ci, artistes de la relève ou vétérans bien établis, l’existence de ces scènes est capitale. Vous connaissez le refrain : les albums ne se vendent plus, la télé n’est pas très généreuse de son temps d’antenne et les radios doivent répondre avant tout à des formats bien stricts. Alors, pour les artistes qui sortent des cadres – ils représentent quand même la majorité –, le réseau des petites salles est devenu nécessaire. Ne serait-ce que pour gagner sa vie dignement. Oubliez les grandes salles à guichets fermés pendant les festivals, elles donnent un reflet plutôt tordu de la réalité.

Bien hâte de voir ce que la nouvelle équipe du Verre Bouteille aura à nous proposer vers le début de septembre. Moi, quand on me parle de nouveaux visages issus de la scène indie, de résidences hebdomadaires pour des artistes établis, de projets spéciaux faits «sur mesure», ça me donne de l’espoir.

La survie de notre chanson passera par les petites salles. Et pour rien d’autre.

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Encore une fois, le légendaire passeur de films Roland Smith reprend possession du Théâtre Outremont, le temps de nous proposer la deuxième édition de son festival de cinéma de répertoire Les films de notre vie.

Pendant un mois (du 2 août au 2 septembre), Roland et ses invités vont nous présenter une programmation riche et signifiante dans cette salle mythique où tout a commencé pour quelques générations de cinéphiles. Je regarde l’affiche et je suis sur le cul: ça commence avec 1900 et ça se termine avec West Side Story avec, entre les deux, des titres comme American Graffiti, Apocalypse Now (en version longue !), Blow-Up, Il était une fois dans l’Est, les deux premiers Parrain, Les Ordres… Au total, ça donne 40 belles grandes vues à voir et à revoir.

J’ai l’impression qu’on va s’y croiser. Souvent.

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