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Le blues de l’électeur…

Y’a des jours où le thème d’une chronique s’impose tout naturellement. Parfois, on pourrait même dire que ça nous tombe dessus comme neige au Québec! Suffit de se pencher et de ramasser ce qui traîne par terre et hop, le tour est joué. Ou presque… Aujourd’hui, le défi que m’envoie la providence est un peu plus délicat. Pas évident d’écrire une chronique qui sera publiée alors que le score final du scrutin sera connu de tout un chacun. Surtout dans un contexte électoral où le nez-à-nez n’aura jamais été aussi coude-à-coude. Ne comptez donc pas sur moi pour risquer un pronostic de dernière minute pour voir si mon visu d’observateur aura été précis, je suis beaucoup trop orgueilleux pour ça.

Ça fait 52 ans que je vis, 32 ans que je vote et déjà 9 ans que je partage mes vues avec vous en ces pages. En toute naïveté, j’ai toujours cru que la sérénité viendrait avec l’âge, la sagesse avec l’expérience et qu’une certaine assurance s’installerait avec la pratique journalistique. Pauvre nono, j’avais tout faux… Aujourd’hui, j’ai l’impression de ne plus trop savoir où on en est…

En ce lundi 7 avril, je ne suis pas allé voter. J’suis plutôt allé me débarrasser de mon devoir de citoyen. C’est très différent. J’ai déjà manqué d’enthousiasme mais jamais autant souffert d’une telle carence au niveau de la conviction. En me dirigeant vers la salle de l’école de la rue d’à côté, j’ai croisé mon voisin – un Britannique pince-sans-rire comme on les aime – qui habite depuis toujours en biais de chez nous.

«Salut Johnny! T’as pas trop eu de misère à faire ton choix?
– Pas du tout, j’ai voté pour les deux meilleurs candidats!
– Euuuuuh, les deux?
– Oui, hors de question pour moi de ne pas reconnaître la qualité. Surtout quand elle flotte sur une flaque de merde pareille.
– Mais là, tu viens d’annuler ton vote…
– Et si je n’avais fait qu’un seul X, mon vote aurait-il été moins nul? En fait, c’est pas mon vote qui est nul, c’est la campagne qui l’était…»

Mon voisin a le don de résumer clairement sa pensée et de poser les vraies questions en peu de mots. Capable de reconnaître les beaux efforts de certains candidats locaux, il n’allait quand même pas faire semblant qu’on venait de lui servir autre chose qu’un mois d’empoignade de schnoutte indigne de son intelligence. Désespéré? Certes. Victime? Pas le moins du monde. Ce voisin-là, je l’adore…

On aura beau dire, je ne sais pas combien temps ça prendra avant que l’on puisse guérir collectivement de cette épouvantable épreuve électorale. Des mois, des années… Et si c’était jamais? Pour ma part, je ne pardonnerai pas de sitôt aux principaux acteurs qui se sont fait entendre au cours des derniers 33 jours. Sont-ils conscients de tout le tort qu’ils ont pu causer à la politique québécoise?

Jamais je ne leur pardonnerai non plus d’avoir pu croire ne serait-ce qu’une seconde que leurs échanges au ras des pâquerettes étaient dignes d’intérêt et pouvaient avoir de l’effet auprès de nous.

Qu’on allait tout gober comme si tout ceci allait de soi. Comme si on n’avait que ça à faire, nous, de les regarder faire du vent.

Si c’est ça, pour eux, faire de la politique, eh ben ils peuvent continuer à s’amuser dans leur coin. Moi, je ne joue plus.

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