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Qui a besoin de la Place des Nations?

Je suis nostalgique. Non, ce n’est pas une maladie de vieux, je suis né comme ça. En regrettant dès mon premier jour cet hier que j’avais manqué de si peu. En maudissant le fait de ne jamais avoir vu Maurice Richard jouer «pour de vrai», d’avoir raté le premier passage d’Elvis à la télé ainsi que le mariage de mes parents.

Dans le même ordre d’idées, j’ai toujours eu sur le cœur de ne pas avoir vécu l’Expo 67. De ne pas avoir reçu, moi aussi, cet extraordinaire coup de pied au cul qui m’aurait propulsé 25 ans en avant en un rien de temps. Peut-être que j’exagère. Une grande part de la magie qui capitonne notre souvenir de l’Expo tient beaucoup au caractère éphémère de la chose. Or, c’est bien malheureux pour vous comme pour moi, mais, contrairement à son impact, ses installations n’étaient nullement conçues pour durer aussi longtemps que notre souvenance.

Je me suis souvent désolé de voir combien l’héritage tangible de Terre des Hommes était mince. Quelques portions de l’île Notre-Dame et de l’île Sainte-Hélène ont été réaménagées ou réinventées depuis 1967. Ce qui nous a donné, entre autres, le circuit Gilles-Villeneuve, la plage Doré (on devrait officiellement la nommer ainsi) et le grand parterre des spectacles du parc Jean-Drapeau. Sans parler, bien entendu, de l’inévitable Casino. Mais moi, le Casino, j’ai ben de la misère à appeler ça une retombée positive.

La Place des Nations, un lieu de rassemblement important lors de l’exposition universelle, a servi pendant une quinzaine d’années après la tenue de l’Expo. Au début des années 80, je me souviens d’y avoir vu Offenbach, Peter Gabriel et les B-52’s (!), mais après, y’a plus eu grand-chose me semble. Et pour cause, c’était un amphithéâtre à ciel ouvert assez poche merci. La Place des Nations étant adossée à ce qui est maintenant devenu la principale autoroute menant au Casino, les choses ne se sont sûrement pas améliorées, bien au contraire. Et, vérification faite jeudi dernier, la Place est encore prise en sandwich dans un couloir venteux et est plus que jamais le paradis des mannes et autres maringouins du genre*. Bref, il n’y a guère à faire d’autre que de fuir l’endroit.

Pourtant, il y a dans l’air un projet de revitalisation de la Place des Nations. Si tout va comme les promoteurs de la Société du parc Jean-Drapeau le souhaitent, le tout devrait être complété à temps pour le 50e anniversaire de l’Expo en 2017. Coût du retapage: 12,5 M$. Raison du retapage: la mise en place d’un amphithéâtre de 3 000 à 6 000 places pour y tenir des spectacles de musique classique, d’opéra et le Piknic Électronik. Pour le Piknik, passe toujours. À condition d’avoir un moustiquaire dans la face. Mais pour le classique et l’opéra, on oublie ça, c’est i-m-p-e-n-s-a-b-l-e. À cause du vent, le son serait balayé avant de se rendre à vos oreilles, les chanteurs d’opéra boufferaient du moustique à chaque fois qu’ils ouvriraient la trappe et, on le présume aisément, les concerts organiques et la circulation qui mène au Casino ne pourront jamais faire bon ménage. Ça, même toute la bonne volonté dépensière au monde ne pourra changer ça. Ce qui fait qu’au bout du compte, à 12,5 M$ en rénos, ça commence à faire cher du Piknic mettons…

En attendant, me semble qu’on pourrait utiliser la place des Festivals située en plein centre-ville de Montréal. Je croyais que c’était pour ÇA qu’on l’avait bâtie…

* Pour l’Expo 67, une opération au DDT avait eu raison de la ponte des mannes pour toute la durée de l’événement.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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