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L’enflure est humaine…

Photo: Benedicte Brocard

Il y a bien des chances que vous ayez déjà vécu pareille situation. Vous étiez assis avec deux ou trois chums en prenant un verre et là, au beau milieu d’un échange sur un événement survenu dans le passé, il y en a un qui a largué l’ultime argument d’autorité: «Heille, minute, moi je le sais, j’étais là!» Du coup, tout le monde s’est mis à écouter ce que le témoin privilégié avait à raconter pendant que celui-ci se trouvait effectivement beaucoup plus intéressant. Que voulez-vous, qui n’a pas envie d’être la vedette du moment?

L’humain a – très souvent – tendance à en mettre plus que le client en demande. Dans mes jeunes années, j’ai joué avec de très bons golfeurs qui, c’était plus fort qu’eux, trichaient encore comme des débutants en «oubliant» d’inscrire deux ou trois coups par ronde. C’était fait au vu et au su de tous et on se contentait de rigoler dans nos doubles mentons en les trouvant momentanément pathétiques.

Dans le même ordre d’idée, qui n’a jamais croisé un adepte de la pêche qui en avait sorti un «long comme ça» du lac le jour où vous n’y étiez pas? Vous savez, la fois où l’appareil photo avait été laissé au chalet et où le poisson avait replongé à la flotte parce que trop frétillant… De la sardine à l’espadon, il en faut parfois bien peu pour que le conteur s’enflamme en livrant son récit.

Sans vouloir insulter qui que ce soit, j’ose l’affirmer: chaque être humain normalement constitué possède deux yeux, un nez, une bouche… et porte en lui une certaine part de bullshit. Bête de même, désolé. Parfois, ça ne nous fait pas un pli sur la différence, d’autres fois, c’est un peu plus dérangeant. Un golfeur, un pêcheur, bof…

Mais lorsqu’un reporter/analyste/commentateur de la politique internationale se fait prendre dans ce qui semble être un délit d’enflure, là, ça devient un petit peu plus délicat. Parce qu’un journaliste, en principe, est là pour rapporter les faits. Pas pour les déformer ni pour les modifier. Et encore moins pour en inventer. La définition de tâche est claire, et le rapport de confiance entre celui qui informe et celui qui désire être informé est nécessaire. Et non négociable.

En attendant l’éventuelle réplique de François Bugingo – il n’a d’autre choix que d’en préparer une –, on se contentera de rappeler que les journalistes sont aussi des êtres humains. Et que cette fois-ci, Bugingo aura été surhumain…

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On a suspendu la vente de la bibliothèque Saint-Sulpice. Bravo, on l’a échappé belle. En passant, on salue le travail du journaliste François Cardinal de La Presse, qui a éventé ce qui allait passer inaperçu dans le fin fond des affaires gouvernementales. Cela dit, faudra maintenant s’assurer que, dans sa prochaine vie, ce site deviendra un lieu utile et fréquenté. J’insiste, fré-quen-té. Parce que dans le genre musée Juste pour rire et autres coquilles tout aussi vides qu’insipides, on a déjà suffisamment donné dans le passé.

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