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Le doute et son amie la méfiance

Une dizaine de jours après les attentats de Paris, comment vous sentez-vous? De mon côté? Bof, pas fort… Un peu comme tout le monde, finalement. Toujours la boule dans le ventre, pogné dans une drôle de bulle qui flotte entre deux eaux. Sans trop savoir s’il ne vaudrait pas mieux plonger encore plus creux pour se tenir un peu plus à l’écart. Désormais habité par ce petit quelque chose qui n’y était pas avant : le doute, ce détestable coloc du dedans qui fait constamment sentir sa présence…

Appelez ça la perte de l’innocence ou la fin des illusions, peu importe, au final, quelque chose me dit que l’on vient de passer une fois de plus de l’avant à l’après. Parce que, malgré la distance, les attentats de Paris sont survenus tout près de nous. Juste là. Exactement dans ce que nous sommes.

Les tours du World Trade Center représentaient, pour nous, des symboles d’une démesure qui n’avait rien de commun avec notre réalité. En guise de comparaison, le plus gros édifice de Montréal est deux fois plus petit. Un attentat aussi spectaculaire, c’était pour les autres, pas pour nous. Pareil pour le Charlie Hebdo. Une publication comme celle-là, il n’y en a pas ici. Même pas proche. Malgré toute la sympathie qui fut provoquée chez nous par ces deux terribles événements, tout cela faisait partie d’un autre monde. Mais quand on se met à viser des terrasses, un stade et une salle de spectacle, là, on tombe dans le domaine du possible. C’est justement là que les attentats de Paris nous ont rendus instantanément vulnérables et sensibles : en visant en plein cœur du plausible.

Avec le doute vient la méfiance. Genre, se méfier de tout. Se méfier de l’inconnu, de ce qui s’en vient. Dans l’immédiat, ce qui s’en vient, ce sont 25 000 réfugiés. Voyez tout le malaise que ça provoque. À entendre ce qui se raconte un peu partout, on s’apprête à accueillir 25 000 paquets de trouble potentiel, rien de moins. Qu’est-ce que j’ai hâte que le fédéral prenne le temps d’expliquer son plan – ça aurait dû être fait depuis longtemps – pour qu’on finisse de se faire du sang de cochon avec ça. Quitte à repousser cette fameuse date butoir du 1er janvier 2016 qui, jusqu’ici, semble davantage tenir de la promesse électorale jovialiste que de l’engagement soupesé et éclairé. On ne demande qu’à être convaincus de la faisabilité de la chose.

En attendant, mine de rien, y’a des humains qui essaient de fuir l’horreur. Alors qu’ici, l’empathie qui devrait leur être acquise demeure pour le moins réservée… Triste.

***

Ah oui, j’allais l’oublier : juste quelques mots pour vous dire combien Donald Trump est un sinistre bouffon de la pire espèce. Et savoir qu’il y a de nombreux voisins américains qui trippent dessus, ça, ça m’inquiète pas mal plus que bien des affaires. Aucun doute là-dessus.

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