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Cette longue «déconfiance»…

Photo: Archives | www.ceic.gouv.qc.ca

Le dur apprentissage de la vie est une interminable enfilade de désillusions. Ça commence quand on est jeune. Bien trop jeune, d’ailleurs. Suffit qu’un grand frère nous apprenne que le père Noël et la fée des dents s’appellent en fait papa et maman. D’un p’tit smatte qui, à la récréation, nous explique pourquoi la cigogne n’a rien à voir avec l’arrivée du dernier bébé. Ou encore d’un voisin plus futé qui finit par nous convaincre que la lutte est arrangée. Et, pouf! La voilà partie, notre confortable innocence. À l’adolescence, on a droit à une deuxième vague de leçons : quand on constate que certains de nos profs sont de parfaits imbéciles ou, pire, que nos amis les plus précieux sont eux aussi capables de nous mentir en pleine face. À partir de là, il n’y a plus rien à faire, on vient de basculer à tout jamais dans ce que nous appellerons la «déconfiance». Un état permanent, un mal incurable.

La déconfiance – nom scientifique donné à la perte de naïveté – a pour principale conséquence de faire de nous des gens que plus rien n’étonne. Ce qui ne veut pas dire qu’elle entraîne une absence totale d’émotions, bien au contraire. Juste que le facteur de surprise est remplacé pour de bon par une infinie déception.

Notre relation à la politique se passe exactement de la même façon. Au début, tu as des idéaux et tu vas voter avec enthousiasme. Ensuite, tu apprends plein de choses. Genre, que Claude Morin, principal stratège du camp souverainiste, avait entretenu des rapports avec les services secrets canadiens pendant des années. Personnellement, c’est à ce moment précis que je suis devenu un citoyen «déconfiant». Ensuite, tu vois des maires comme Applebaum et Vaillancourt, soupçonnés jusqu’aux oreilles, se faire botter le cul hors de nos hôtels de ville. Sans parler des «révélations» entendues lors de commissions d’enquête qui font maintenant davantage sourire que brailler. La semaine passée, en guise de cadeau printanier, c’est une ex-vice-première ministre (c’est quand même pas rien…) qui a été interpellée par l’UPAC avec des mots comme complot, corruption, fraudes et abus de confiance qui figuraient en toutes lettres sur son mandat d’arrestation.

Avez-vous été surpris? J’imagine que non. Déçus? Probablement. Encore déçus. Toujours déçus. Éternellement déçus.

Après ça, on viendra nous reprocher notre cynisme…

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Vous avez vu le segment de l’émission Testé sur des humains où, en caméra cachée, on voit un homme d’âge mûr louer une chambre de motel avec une jeune, mais alors là, une très jeune fille? Certains commerçants du domaine de l’hôtellerie ont parfois des principes élastiques. On va t’avertir 10 fois qu’il est strictement défendu de fumer dans ta chambre, que tu dois respecter l’heure du «check-out» sinon, patati et patata… Mais, quand un homme débarque avec une fille qui a l’âge d’être son arrière-petite-nièce, pas un mot. Vous direz que ces choses ne se passent que dans des motels miteux? Oui, pis? Ça arrive quand même. Troublant.

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Vus cette semaine : Quills. Avec un Robert Lepage qui prend les traits du Marquis de Sade. Ou vice-versa, en vient presque à le croire, tellement la performance de Lepage est saisissante. Ajoutez à cela le superbe travail des autres membres de la production et vous avez là un spectacle majeur. C’est à l’Usine C jusqu’au 9 avril.

Bus stops. Ou les drames de la vie secrète des gens que l’on présume sans histoire. Un très bon spectacle « tous âges », même le public « jeunes adultes » peut y trouver son compte, ce qui est plutôt rare au théâtre. Cette reprise de la pièce Lignedebus est jouée dans un anglais très accessible, jusqu’à dimanche au Centaur.

Et, finalement, Elvis Experience. Martin Fontaine – toujours époustouflant – nous ramène une fois de plus son King bien en vie. Digne de Broadway. C’est plus fort que moi, je ne m’en tannerai jamais (jusqu’à dimanche au Théâtre St-Denis).

Allez, c’est le printemps : sortez et changez-vous les idées !

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