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Essai de Shadow of the Colossus (PS4): un chef-d’œuvre en 4K

Photo: Sony / Maxime Johnson

Lancé pour la première fois en 2005 sur la PlayStation 2, Shadow of the Colossus est un jeu dans une classe à part. Un chef-d’œuvre en son genre, pour plusieurs la preuve irréfutable que le jeu vidéo peut être une forme d’art à part entière (s’il y a encore quelqu’un qui en doute). La nouvelle version 4K pour PS4 démontre que le jeu n’a rien perdu de sa pertinence.

Qu’est-ce que c’est?
Shadow of the Colossus raconte l’histoire d’un guerrier qui souhaite redonner vie à une jeune femme. S’il parvient à tuer 16 colosses, de puissants monstres géants, une voix mystérieuse lui assure qu’elle exaucera son vœu.

Après une cinématique d’ouverture qui jette brièvement les bases de l’histoire (très jolie en 4K), le guerrier enfourche son cheval Argo et part à la recherche des colosses, guidé par son épée qui réfléchit la lumière du soleil dans leur direction.

Dans Shadow of the Colossus, on doit parcourir de grandes étendues dans un monde sublime, mais désert. Contrairement à la plupart des jeux du genre, il n’y a aucune mission secondaire, aucun personnage avec qui discuter, aucun petit ennemi à tuer avant d’arriver au monstre final et aucune parcelle d’information supplémentaire à amasser. On se dirige d’un point A à un point B, et on affronte le colosse.

Les batailles contre les colosses sont toutefois mémorables. Leur niveau de difficulté varie d’un monstre à l’autre, et il faut généralement s’y prendre à quelques reprises avant de comprendre comment en venir à bout.

Après le seizième colosse abattu, le jeu se termine sur l’une des cinématiques finales les plus réussies de l’histoire du jeu vidéo.

Pourquoi est-ce un jeu si important?

Plusieurs éléments font de Shadow of the Colossus un jeu à part. Visuellement, la direction artistique est tout d’abord sublime. Chaque plan a des allures de film (lorsqu’on avance avec le cheval, par exemple, la caméra nous positionne dans le coin inférieur gauche de l’écran, pour nous permettre d’avoir une meilleure vue d’ensemble de ce qui nous entoure) et le jeu regorge de petits détails qui font avancer l’histoire sans qu’on ait besoin de dialogues. La musique orchestrale est aussi superbe tout au long du jeu.

Plus important maintenant, Shadow of the Colossus raconte une histoire intemporelle, dont certains éléments rappellent un conte fantastique légèrement subversif. Cette histoire est toutefois racontée d’une nouvelle manière, non pas à l’écrit, au théâtre ou dans un film, mais grâce au jeu vidéo. Le créateur de Shadow of the Colossus Fumito Ueda embrasse le médium sans gêne et sans complexes.

Shadow of the Colossus est aussi un jeu chargé émotivement. Surtout pour des raisons qui ne peuvent être énoncées sans gâcher l’expérience du jeu, mais aussi grâce au lien qui se développe entre le joueur et son cheval (un lien qui a d’ailleurs inspiré Fumito Ueda dans la création de son jeu suivant, The Last Guardian).

Comme toute œuvre intelligente, Shadow of the Colossus laisse finalement une certaine place à l’interprétation. C’est un jeu qui nous fait réfléchir une fois que le générique final est terminé, et qui ne se contente pas de nous donner les éléments tout cuits dans le bec.

Shadow of the Colossus était un jeu propulsé avant tout par la vision artistique de son créateur, mais sans pour autant sacrifier la beauté et le jeu lui-même, ce qui était relativement rare en 2005. Peu de jeux pouvaient se targuer d’être beaux, bons et intelligents en même temps. La chose est évidemment différente en 2018, avec la démocratisation des technologies de développement et l’essor des jeux indépendants qui permettent une liberté plus grande aux développeurs, sans pour autant sacrifier l’expérience de jeu.

Est-ce que la nouvelle version tient la route?

Shadow of the Colossus pour PS4 est la seconde refonte du jeu, après une réédition pour PS3. Le studio Bluepoint a fait ici une adaptation remarquable, en conservant en grande partie le code source du jeu original, mais en améliorant légèrement les contrôles et en rehaussant considérablement les graphiques.

Shadow of the Colossus peut désormais être joué de deux façons. Un mode cinématique assure une résolution 4K (à condition d’avoir une PS4 Pro), tandis que le mode performances est moins joli, mais affiche constamment 60 images par seconde.

J’ai surtout joué au mode cinématique, qui était tout simplement sublime sur un écran 4K avec la PS4 Pro. Des artéfacts s’affichent parfois autour des personnages en mouvement (surtout lorsqu’on est sur le cheval), mais rien ne vient vraiment gâcher l’expérience.

Les améliorations aux contrôles sont correctes, mais le jeu connait encore des ratés. Les mouvements de la caméra sont parfois imprécis, et le personnage ne suit pas toujours les consignes comme on le voudrait. Dans l’ensemble, il s’agit toutefois d’une belle refonte.

Malheureusement, il est impossible de passer d’un mode PS4 à un mode PS2, un peu comme Microsoft le permettait avec Halo: The Master Chief Collection. C’est dommage, car il aurait été intéressant de passer d’un à l’autre pour mieux saisir les améliorations.

Et même si j’adore le fait qu’une nouvelle génération de joueurs pourra essayer ce jeu important dans l’histoire du jeu vidéo, il aurait été bien de lui permettre de le faire avec le jeu original, tel qu’il était en 2005.

Presque 10/10

Alors que certains jeux traversent mal les époques, Shadow of the Colossus a très bien vieilli. C’est un jeu qui est toujours agréable à jouer, avec une histoire et une musique toujours aussi percutantes, 13 ans après le lancement de l’original. Peu de jeux peuvent en dire autant.

La seule chose qui m’empêche de lui donner une note parfaite est les contrôles, qui malgré leur raffinement dans cette version, laissent encore parfois à désirer. Trop souvent, Shadow of the Colossus est difficile non pas parce qu’il est conçu ainsi, mais parce que le personnage refuse de faire ce qu’on lui indique (la chose est particulièrement fâchante contre le colosse 16).

La frustration – qui encore une fois provient non pas de la difficulté inhérente du jeu, mais de sa caméra et ses contrôles déficients – vient briser notre immersion et nous empêche de pleinement profiter de la superbe scène qui se déroule sous nos yeux. Dommage.

Avec un peu de chance, la prochaine version pourra corriger le tir une bonne fois pour toutes. Shadow of the Colossus en 8K avec des contrôles améliorés sur la PS5 : j’ai déjà hâte!

Forces
– Un jeu original.
– Une histoire percutante.
– Une superbe musique.
– Des colosses intéressants à affronter.
– Un jeu qui respecte la vision artistique de son créateur.
– Une réédition en 4K réussie.

Faiblesses

– Contrôles parfois déficients.

Note : 9,5/10

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