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Se payer un bout de papier

Au Québec, plus de 250 000 nouveaux étudiants franchissent les portes des universités chaque année pour aller y chercher la formation nécessaire à assurer leur avenir. Si les diplômes sont de plus en plus exigés par les employeurs, donc de plus en plus prisés par les jeunes travailleurs de demain, reste que quelques bacheliers considèrent leur formation imparfaite, tantôt trop vaste, tantôt incomplète. Et si pour certains il s’agissait surtout de payer pour un bout de papier?

«Quand je vais travailler, j’utiliserai seulement de 5 à 10 % de tout ce que j’aurai appris durant ma formation», lance Louis-Philippe Riopel, finissant en génie de la construction à l’École de technologie supérieure (ETS), affiliée à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). «Finalement, c’est vraiment d’aller chercher un papier qui permet de travailler», dit-il.

Jessica Boulerice, nouvelle détentrice d’un baccalauréat en administration à l’UQAM, est aussi déçue. «Tu paies pour le papier, lance-t-elle. Au bout du compte, avec ou sans baccalauréat, j’aurais aussi bien pu faire le travail. Ça aurait peut-être été un peu plus long à apprendre, mais j’aurais été aussi compétente.» C’est que Jessica a complété une technique en administration avant de faire le bac. «Ça a été plutôt redondant, même si quelques-uns de mes cours m’ont été crédités, explique-t-elle. Mais c’est sûr que mon salaire est plus élevé avec mon bac.»

Selon le conseiller d’orientation Érick Beaulieu (erickbeaulieu-co.com), qui travaille notamment au Centre de soutien aux études et de développement de carrière de l’Université de Montréal, la formation universitaire n’est jamais totalement représentative de la réalité. «L’académique restera l’académique, dit-il. Les étudiants ne prennent pas toujours le temps de faire des activités extérieures qui leur donneraient une idée concrète de ce qui les attend. Ils finissent souvent avec l’impression de s’acheter un diplôme.»

Des exceptions

Quant à Sarah Bensadoun, qui a complété un baccalauréat en journalisme avant de se diriger vers une maîtrise en politique et droit international à l’UQAM, elle n’a que de bons mots sur sa formation. «Si c’était à refaire, je reprendrais le même chemin, dit-elle. Ça m’a permis de me faire des contacts dans des domaines difficiles à percer. Et finalement, je crois que c’est un peu comme ça qu’il faut le voir dans tous les domaines.»

Une opinion que partage M. Beaulieu, qui croit que si l’université a une part de responsabilité envers l’étudiant, c’est aussi à lui d’aller chercher sa propre formation par le biais d’expériences. «Il faut que les étudiants multiplient les occasions de voir s’ils aiment vraiment le domaine dans lequel ils étudient», explique-t-il.

Si quelques étudiants considèrent leur formation comme inadéquate, ils s’entendent toutefois sur le fait que le diplôme universitaire est un bout de papier peu cher payé pour obtenir un emploi bien rémunéré.

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