Soutenez

Le COC élargit l’enquête sur Marcel Aubut

MONTRÉAL – L’enquête sur les allégations de harcèlement sexuel visant Marcel Aubut sera étendue à «toute plainte, formelle ou non», qui sera portée à l’attention du Comité olympique canadien.

Le Comité a diffusé un communiqué, vendredi, dans lequel il dit trouver «extrêmement troublantes» les nouvelles allégations de même nature visant son président qui ont fait surface dans les médias au cours des derniers jours.

L’organisme a donc décidé de mettre sur pied un deuxième mécanisme dont le travail sera dirigé par un tiers indépendant qui reste à identifier et qui procédera à un «examen détaillé» de toute plainte additionnelle.

Le Comité olympique encourage toute personne qui aurait des informations à cet effet à lui faire part de ses préoccupations et affirme qu’il est régi par des politiques claires en matière de harcèlement. Il s’engage à prendre toutes les mesures requises à la suite de ces enquêtes.

Le nouveau mécanisme d’enquête s’ajoute à celui mis sur pied sous l’égide de l’ancien juge en chef de la Cour supérieure du Québec François Rolland, qui se penche sur la seule plainte formelle déposée jusqu’ici dont l’auteur et la nature demeurent confidentiels.

Marcel Aubut s’est temporairement retiré de ses fonctions, mercredi, en attendant la conclusion de cette enquête.

Dans un communiqué qu’il a publié lui-même mercredi soir, M. Aubut décrit les allégations comme étant «une remarque qu’il aurait faite à une collègue». Il dit offrir son soutien «inconditionnel» aux enquêteurs. Ce communiqué ne visait toutefois que la première plaignante, les autres incidents n’ayant pas encore été rapportés au moment où il a été diffusé.

Depuis, d’autres femmes ont publiquement partagé des allégations contre le président du Comité olympique canadien et de la Fondation olympique canadienne.

Vendredi, le quotidien La Presse révélait que le Comité olympique canadien était au courant de certains comportements déplacés de son président depuis plusieurs années.

En 2011, le secrétaire général et chef de la direction du COC à l’époque, Jean R. Dupré, avait écrit une lettre à son président — dont La Presse a obtenu copie — dans laquelle il demandait à ce dernier de cesser une série de comportements spécifiques auprès des femmes et acceptait de ne pas porter plainte contre lui parce qu’il avait donné l’assurance que de tels comportements cesseraient sur le champ.

L’avocate montréalaise Amélia Salehabadi-Fouques a accordé plusieurs entrevues aux médias, jeudi, dans lesquelles elle a détaillé ses interactions avec M. Aubut.

Le réseau TVA et la station de radio 98,5 FM ont également diffusé des entrevues avec une femme qui dit avoir travaillé avec Marcel Aubut et avoir subi du harcèlement sexuel.

Amélia Salehabadi-Fouques, une avocate spécialisée dans le droit du sport et membre de l’Association canadienne de soccer depuis 2013, a dit avoir été victime de harcèlement de la part du président du COC à trois reprises dans les quatre dernières années.

Mme Salehabadi-Fouques a notamment soutenu que M. Aubut l’a embrassée de force et lui a fait des commentaires sexuels. Ses allégations n’ont pas été prouvées devant un tribunal.

Dans les entrevues accordées à des journaux et des stations de radio, Mme Salehabadi-Fouques raconte être entrée en contact avec Marcel Aubut il y a quatre ans, pour s’impliquer dans le COC.

Il lui aurait donné rendez-vous dans un chic restaurant de Montréal, mais à son arrivée, elle a été surprise de voir qu’il était assis au bar. En discutant, il est devenu clair pour elle qu’il était davantage intéressé par son physique que par son expérience professionnelle. Il lui aurait posé des questions de nature privée et aurait fait des commentaires personnels.

Plus tard dans la soirée, il l’aurait embrassée «avec la langue». Elle dit avoir pris un taxi seule pour rentrer chez elle.

Dans diverses entrevues, elle se remémore aussi un incident survenu l’an dernier, à Québec. Il l’aurait invitée à assister à une rencontre d’affaires avec une foule d’autres personnes, mais une fois à l’hôtel, elle était seule. Il n’y avait qu’une seule chambre d’hôtel réservée au nom de M. Aubut, aucune pour elle, a-t-elle affirmé.

«Il me dit: « quand est-ce que je vais venir dans ta chambre? J’ai demandé des clés pour ta chambre »», a-t-elle confié à La Presse.

Encore l’an dernier, lors d’un match de la Coupe du monde de soccer féminin U-20, devant son fils de 15 ans, il l’aurait interpellée dans un couloir et lui aurait demandé: «Quand est-ce qu’on couche ensemble?»

En entrevue au 98,5 FM, l’avocate a affirmé ne pas savoir si elle porterait plainte formellement. Lorsqu’elle a appris qu’une autre personne avait porté plainte, cette mère de trois enfants s’est sentie concernée et a décidé de ne plus rester silencieuse.

«En tant que mère, je vais toujours me lever pour les jeunes femmes harcelées», a-t-elle écrit sur Twitter mercredi.

Plus tard jeudi, TVA a diffusé une entrevue avec une femme soutenant avoir été victime de plusieurs gestes de M. Aubut en 2011, lorsqu’elle travaillait dans un bureau d’avocats de Montréal.

La femme n’a pas été identifiée, mais TVA a indiqué qu’elle était une de ses anciennes adjointes exécutives.

Selon ce qu’elle raconte au réseau d’information, Marcel Aubut mettait ses mains autour de sa taille, et elles étaient un peu plus basses chaque nouvelle fois. Elle a également soutenu qu’il plaçait ses mains sur ses épaules et touchait sa poitrine. Elle l’aurait également vu en caleçons à une occasion, lorsqu’il l’a appelée dans sa salle de conférence.

Après ces incidents, a-t-elle raconté, elle a dû quitter pour des raisons de santé. Selon TVA, elle n’a pas porté plainte car le cabinet lui a proposé une entente lui donnant l’équivalent de 10 000 $ contre son renoncement à tout recours.

Âgé de 67 ans, Marcel Aubut est membre du COC depuis 2000, et président depuis avril 2010.

Par le passé, il a occupé le poste de président des Nordiques de Québec, jusqu’au déménagement de l’équipe au Colorado en 1995. Il a notamment aidé à faire venir au Canada les frères Stastny, en 1980, pour jouer pour les Nordiques.

Il a été nommé officier de l’Ordre du Canada en 1993, officier de l’Ordre national du Québec en 2006, et avocat émérite du Barreau du Québec en 2008. Il a été intronisé au Panthéon des sports canadiens en 1999.

Il exerce le droit et est partenaire, avocat et vice-président du conseil d’administration de la firme montréalaise BCF.

Mercredi, BCF a fait savoir qu’elle ne commenterait pas l’enquête et a ajouté que le rôle de M. Aubut dans la firme n’était pas à risque puisque les allégations ne concernaient pas directement ses activités professionnelles.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.