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Une marche contre les Airbnb «illégaux» paralyse une partie de l’avenue Mont-Royal

Zacharie Goudreault - Métro

Plus d’une centaine de personnes ont manifesté jeudi sur l’avenue Mont-Royal Est pour dénoncer la présence de logements de type Airbnb dans les quartiers centraux de la métropole, où ceux-ci contribueraient à la «spéculation immobilière» et à la rareté de logements abordables.

Des citoyens de tous âges se sont d’abord réunis à 15h00 devant la station de métro Mont-Royal, des porte-voix et des affiches à la main, pour scander leur opposition aux plateformes de résidences de tourisme, dont la popularité est grandissante dans les quartiers centraux de la métropole.

«De plus en plus de résidents sont concernés par le problème. Nous, on voit des gens venir dans nos bureaux et se plaindre [des impacts] d’Airbnb. Les fêtes qui n’en finissent pas, les déchets dans leur rue, la destruction des logements locatifs. Ça a un impact», a déploré à Métro Caroline Magnier, organisatrice communautaire du Comité Logement Rosemont, un des organisme de défense des droits des locataires à l’origine de cette marche. 

Pendant une heure, les manifestants ont scandé divers slogans concernant les impacts d’Airbnb sur la «spéculation immobilière» et «leur milieu de vie».


Josie Desmarais/Métro

«Il y a des propriétaires qui chassent des locataires pour [louer sur] Airbnb. C’est là, la catastrophe», a déploré l’organisateur communautaire du Comité Logement Ville-Marie, Gaétan Roberge.

Selon ce dernier, de telles pratiques contribuent à resserrer le nombre de logements disponibles à la location à long terme alors que le taux d’inoccupation du marché locatif ne s’élève actuellement qu’à 1,9% dans la région métropolitaine. 

Un constat que partage Philippe Girouard, du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

«En ce moment, on vit une pénurie de logements à Montréal. Si on remettait tous ces logements [qui sont sur Airbnb] dans le marché locatif, la pénurie de logements serait bien moins grande», a-t-il dit. 

Bien qu’«aucun incident ne [soit] à déplorer», cette marche de près de deux kilomètres sur une avenue commerciale du Plateau-Mont-Royal a néanmoins affectée la circulation automobile.

«Ça a eu un impact sur la circulation, surtout à l’heure où ils l’ont fait, mais il y a eu suffisamment de policiers pour encadrer la marche», a indiqué l’agent de relation du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Manuel Couture. 

Airbnb «illégal»
Au terme de cette marche ponctuée de discours, qui s’est déroulée sous le regard interrogateur de nombreux passants, les manifestants ont bifurqué sur la rue Messier. Par groupe de 10 à 15 personnes, ils sont ensuite entrés dans un logement qui avait été loué sur Airbnb pour l’occasion, sous le regard de quelques policiers postés près de la porte de l’appartement.

Or, les logements de type Airbnb, en vertu du règlement de zonage de l’arrondissement, ne sont tolérés que sur deux artères commerciales, soit le boulevard Saint-Laurent, entre la rue Sherbrooke et l’avenue du Mont-Royal, et la rue Saint-Denis, entre les rues Sherbrooke et Gilford.

Josie Desmarais/Métro

«La Ville devrait se donner les moyens de renforcer ses propres règlements de zonage. Elle fait des règlements, mais ils ne sont pas appliqués», –Odile Lanctôt, du Comité Logement du Plateau-Mont-Royal

Gaétan Roberge, pour sa part, se réjouit de voir que la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, entend déposer un projet de règlement d’ici la fin de la session parlementaire, à la fin juin, afin de renforcer la loi québécoise concernant l’hébergement touristique, issue du projet de loi 67.

Bien que cette loi prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 50 000$ aux personnes qui louent des logements sur Airbnb dans des zones interdites, les inspecteurs de Revenu Québec se sont contentés jusqu’à maintenant de livrer des avertissements.

«On veut exposer [à la ministre Proulx] ce qu’on veut et lui exposer notre insatisfaction concernant le fait que les inspecteurs n’ont émis aucune amende à Montréal», a souligné M. Roberge, qui compte rencontrer la ministre Proulx «dans les prochaines semaines» en compagnie d’autres organisateurs communautaires. 

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