Au lendemain de l’élection de 32 députés bloquistes, le chef de la formation, Yves-François Blanchet, croit à l’«influence» du Bloc québécois à Ottawa. Et ce, malgré la menace d’un gouvernement de coalition entre libéraux et néo-démocrates.
Cette possibilité d’alliance n’inquiète pas le chef du Bloc outre mesure, a constaté M. Blanchet lors d’un point de presse à Montréal, mardi.
«Les supputations stratégiques sont intéressantes, mais me sont à bien des égards prématurées. Il est exact que, sur certains aspects, les néo-démocrates peuvent avoir des affinités avec les libéraux. Sur certains autres aspects, moins», a-t-il analysé.
«[Ils] sont profondément contre l’industrie pétrolière et son expansion dans l’Ouest. Je ne vois pas là de proximité entre le NPD et les libéraux», a-t-il repris.
Utiliser la balance du pouvoir
Le Bloc occupera une forte position à la Chambre des communes, a avancé le chef du Bloc mardi, surtout qu’il détient officiellement la balance du pouvoir.
«Étant donné que c’est un gouvernement minoritaire – même si c’est une forte minorité si je peux dire –, ça change passablement la dynamique, a énoncé M. Blanchet. On va la voir se développer au cours des prochaines semaines.»
«Je réitère que le mandat du Bloc québécois n’est pas de faire marcher le Canada, mais il a une responsabilité de faire marcher le Parlement.» – Yves-François Blanchet
Laïcité à l’avant-plan
M. Blanchet a répété son intention de traiter la politique canadienne «à la pièce». Citant le leitmotiv qu’il a longtemps utilisé au cours de la campagne électorale, le leader bloquiste a promis que son parti collaborerait «à condition que ça serve le Québec».
La Loi québécoise sur la laïcité continue à faire partie du carnet de travail de M. Blanchet. Le député de Beloeil-Chambly n’a toutefois pas voulu s’avancer lorsqu’interrogé sur la possibilité de déposer une motion de censure si le gouvernement canadien intervenait contre la laïcité. Ce type de processus parlementaire peut engendrer la chute d’un gouvernement minoritaire, comme on l’avait vu en 2011 avec Stephen Harper.
«Je me commettrai pas aujourd’hui[…], mais je comprends les attentes claires de l’Assemblée nationale du Québec et d’un nombre très important de Québécois», a-t-il maintenu.
Le leader de la formation fédérale «suggère» aussi au premier ministre désigné Justin Trudeau de convoquer le Parlement avant la période des fêtes. Ce sera l’occasion, selon lui, de «garantir les compensations aux agriculteurs sous gestion de l’offre».