Alors que plusieurs pays amorcent de nouvelles phases de déconfinement, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’est inquiétée vendredi que la pandémie de COVID-19 «s’accélère». L’OMS enregistre d’ailleurs un record de nouveaux cas de coronavirus.
L’institution appelle les États à la vigilance «extrême», mais aussi à l’unité et la solidarité pour combattre la pandémie.
«Depuis deux mois, on a recensé pas moins de six millions de cas. On voit très bien que le virus accélère, et qu’il bouge très rapidement», a prévenu le directeur général de l’organisation, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse tenue en ligne.
Jeudi, l’OMS a recensé quelque 150 000 nouveaux cas de coronavirus à l’échelle du globe, dont la moitié viennent des Amériques, un record.
«Le virus reste mortel et la plupart des personnes restent exposées», a aussi martelé le Dr Ghebreyesus, qui occupe ses fonctions de direction depuis le mois de juillet 2017.
Un relâchement inquiétant
À l’instar des autorités de santé publique du Québec, M. Ghebreyesus affirme lui aussi que le relâchement des mesures sanitaires est inquiétant. «Nous sommes entrés dans une phase nouvelle et dangereuse. Beaucoup de gens sont évidemment fatigués de rester chez eux. Les pays sont évidemment désireux de rouvrir leur société et leur économie», a-t-il illustré.
«Le virus a deux combinaisons dangereuses: il bouge rapidement, et c’est un tueur. Il a déjà surpris plusieurs pays, incluant des nations développées.» – Tedros Adhanom Ghebreyesus, de l’OMS
L’ancien ministre de la Santé de l’Éthiopie appelle les pays à s’engager «encore plus» pour venir en aide aux pays dans le besoin. «On doit se rappeler que pour les communautés les plus vulnérables, ceci n’est qu’une des nombreuses menaces auxquelles elles font face», souligne-t-il, ajoutant que sans «solidarité», le virus «exploitera cette fissure entre nous». «Ensemble, on peut accomplir n’importe quoi», renchérit-il.
Avec ce record de nouveaux cas, plus de 8,5 millions de personnes ont maintenant été infectées par le coronavirus, dont plus de 100 000 au Canada. L’OMS dénombre pour l’instant plus de 450 000 décès liés à la COVID-19.
Le masque obligatoire au Québec?
Hier, le directeur national de santé publique du Québec, Horacio Arruda, a aussi indiqué que le masque pourrait devenir obligatoire si la situation sanitaire et épidémiologique venait à l’exiger.
«Nous sommes en train de faire des analyses. Tous nos experts ne l’ont pas recommandé. […] On va voir ce que l’avenir nous réserve. On compte présentement sur la conviction, et s’il faut contraindre, on va contraindre.» -Horacio Arruda, sur les ondes de Radio-Canada jeudi soir
Depuis plusieurs semaines déjà, des voix se font entendre pour réclamer l’obligation du port du masque dans les lieux publics et le transport en commun.
Jeudi dernier, un collectif d’une vingtaine de médecins, experts et épidémiologistes a appelé le gouvernement Legault à rendre le port du masque obligatoire dans les lieux publics fermés ou achalandés, ainsi que dans les espaces extérieurs où la distanciation physique est difficile à respecter. Leur objectif est d’éviter une deuxième vague «potentiellement mortelle», en attendant l’arrivée d’un vaccin.
«Si on veut réussir cet assouplissement graduel des mesures de confinement, on n’a pas le choix de mettre tout dans la balance. Advenant une deuxième vague, qui est peut-être inévitable, il faut s’assurer qu’elle soit le plus faible possible, pour pas qu’on recommence tout ça à zéro. Ce serait catastrophique», avait notamment imploré l’ancien député solidaire et microbiologiste de profession, Amir Khadir.