La réouverture des écoles et la levée des interdictions de rassemblement de plus de 10 personnes sont les principaux facteurs à l’origine des deuxièmes vagues de COVID-19 vécues dans de nombreux pays, selon une étude scientifique.
Publiée dans The Lancet, l’étude a analysé les mesures de déconfinement ayant précédé la reprise de la transmission de la COVID-19 dans 131 pays.
L’objectif était d’observer les effets des différentes restrictions, individuelles et collectives, sur la transmission du virus au sein de la population. Et ce, dans une période de 28 jours après leur application ou leur levée.
Les scientifiques notent que les effets d’une mesure ne sont pas visibles tout de suite. Il faut 17 jours en moyenne pour voir 60% des effets d’une augmentation. Et 8 jours en moyenne pour une diminution.
Conclusion principale: l’ouverture des écoles ainsi que l’autorisation des plus gros rassemblements sont le plus fortement liés à une augmentation de la variable R, c’est-à-dire du nombre de personnes auxquelles un individu infecté transmet la COVID-19.
Les écoles à l’origine de la 2e vague de COVID-19?
Plus exactement, l’étude indique que la réouverture des écoles est liée à une augmentation de 24% de la transmission du virus après 28 jours.
Au jour 7 et au jour 14, c’est d’ailleurs la réouverture des écoles qui fait augmenter la variable R plus rapidement que toute autre levée de mesures.
Quant aux rassemblements de plus de 10 personnes, la levée de leur interdiction est liée à une augmentation de la propagation du virus de 25%.
L’interdiction des gros rassemblements semble la mesure la plus efficace quand il s’agit de limiter la propagation du virus, indique l’étude.
Rappelons qu’un R inférieur à 1 signifie qu’un contaminé transmet l’infection à moins d’une personne (la propagation diminue). Supérieur à 1, la propagation augmente.
D’autres facteurs à prendre en compte
Mais l’étude affiche quelques limites. Par exemple, elle ne prend pas en compte les mesures de distanciation sociale ou les bulles mises en place dans les écoles.
Ni un autre facteur important: à savoir si la population respecte ou non les mesures imposées par les gouvernements.
Pourtant, cet élément a des conséquences directes comme le reconnaît le Dr. You Li, l’auteur principal de l’étude, en entrevue avecMétro.
«Ces changements de comportement, tels que l’éloignement physique, le port de masques, l’hygiène des mains, etc., peuvent avoir des effets réels sur R bien qu’ils soient souvent difficiles à évaluer directement.» -Dr. You Li
Interrogé sur les autres variables à prendre en compte, le Dr You Li affirme à Métro que le traçage des contacts a également des conséquences importantes sur la propagation.
«Un programme efficace de traçage des contacts peut aider à éviter que toute nouvelle propagation de l’infection prenne de l’ampleur», affirme le chercheur de l’Université d’Édimbourg en Écosse.
Des choix «difficiles», répond Legault
Interrogé à savoir s’il pensait que son plan pour la rentrée scolaire – fort critiqué par certains observateurs – ou sa décision de permettre certains grands rassemblements cet été avait pu contribuer à la 2e vague, François Legault a indiqué mardi qu’il s’agissait d’un «bon exemple de choix difficiles à faire.»
«Est-ce qu’on doit fermer ou non les écoles? On essaie de peser les pour et les contre et de prendre les moins pires décisions. Si l’on ferme, il y a un impact négatif sur les enfants, tant au niveau social que de l’apprentissage.» – François Legault
Quant à savoir si c’était la minorité de Québécois qui ne respectait pas les mesures qui faisait en sorte que le nombre de cas se maintenait, M. Legault n’a pas répondu directement.
«C’est comme si l’on avait réussi à mater la vague qui avait commencé, mais y’en a une autre – une 3e ou une 2.b je ne sais pas – [dans laquelle] on voit que l’augmentation de la propagation du virus est forte», a-t-il dit.
Une combinaison gagnante
Notons que l’étude a également déterminé la combinaison de mesures la plus efficace pour limiter la propagation de la COVID-19.
Il s’agit de la fermeture des écoles et des lieux de travail, associée à l’interdiction des événements publics et des rassemblements, ainsi qu’à la demande du gouvernement de limiter ses contacts et ses déplacements.
Cette combinaison a permis de réduire le taux de propagation entre individus de 52%.
Selon les chercheurs, ces résultats sont autant de preuves supplémentaires qui peuvent permettre d’éclairer les décisions des décideurs. Non seulement sur les mesures à introduire ou à lever, mais aussi sur le bon moment pour le faire.
En collaboration avec François Carabin