Des milliers de personnes ont marché dans les rues du centre-ville de Montréal pour rendre hommage au victimes des pensionnats autochtones. Une douzaine rassemblements similaires se sont tenus aux quatre coins du pays, afin que la célébration de la fête du Canada soit annulée.
Au cours des dernières semaines, des centaines de tombes anonymes d’enfants ont été découvertes à proximité de pensionnats autochtones. Récemment 182 tombes non identifiées ont été trouvées par la communauté autochtone de Lower Kootenay, en Colombie-Britannique.
«Ces enfants pourraient être des membres de ma famille, se désole une des organisatrices de l’événement, Nakuset. Nous organisons ce rassemblement pour créer un espace de rencontre, de partage de notre douleur et tristesse, et puiser de la force dans la sagesse de nos aînés.»
Reconnaître la douleur
Il y a plus d’une semaine, 717 tombes ont été découverte par la Première Nation de Cowessess, en Saskatchewan. L’ancien pensionnat Marieval qui y était situé a été administré par des membres des Soeurs de St-Joseph, une congrégation situé à St-Hyacinthe, au Québec, pendant 78 ans.
«Les enfants des pensionnats autochtones étaient enlevés et emmenés loin de leurs communautés natales pour qu’ils ne puissent pas se sauver et y retourner ; la dissimulation des crimes est incroyable. Quiconque célèbre le Canada ce 1er juillet célèbre l’oppression.»
Nakuset, directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal
«Nous voulons que les Canadiens reconnaissent à quel point notre peuple a souffert dans le passé et souffre toujours aujourd’hui», partage la membre de la communauté Mi’kmaq de Gesgapegiag et co-organisatrice, Jen Jerome.
Après avoir prononcé des discours et lancé des cérémonies ponctuées de musique, les participants ont marché du Monument Cartier du Parc Jeanne-Mance vers la Place du Canada de la rue Peel. Des arrêts symboliques ont été effectués dans certains lieux du centre-ville, comme celui du décès de Raphael André, retrouvé mort dans une toilette chimique.
Plusieurs participants provenaient de Kanehsatake, au nord-ouest de Montréal.
Reconnaissance politique des victimes
Des représentants des trois partis officiels d’opposition, soit le parti libéral du Québec, Québec solidaire, et le parti québécois se sont retrouvés à cette marche. À l’Assemblée nationale, les drapeaux du Québec ont été mis en berne.
Lors d’une allocution, le premier ministre du Canada Justin Trudeau a reconnu que pour certaines personnes, «la fête du Canada n’est pas encore un jour de célébration.»
«Ensemble, nous avons un long chemin à parcourir afin de rectifier nos torts envers les peuples autochtones. Si chacun promet d’accomplir le travail nécessaire, si nous sommes guidés par ces valeurs fondamentales que sont l’ardeur au travail, la bienveillance, la résilience et le respect, nous pouvons parvenir à la réconciliation», a déclaré M. Trudeau.
Le Libéral a profité de l’occasion pour réitérer sa demande au pape de venir au Canada pour s’excuser aux peuples autochtones.
À l’échelle canadienne, plusieurs communautés sont annulées en guise de solidarité envers les Premières Nation. C’est notamment le cas dans l’arrondissement de Lachine, à Montréal.
«Hier en matinée, j’ai échangé avec mon amie cheffe Sky Deer de Kahnawake. Nous avons parlé de l’inconfort de fêter à un moment où le pays est en deuil. Nous comprenons la douleur ravivée et nous nous portons solidaires envers nos frères et sœurs en annulant les feux d’artifice du premier juillet», a affirmé la mairesse Maja Vodanovic sur Facebook.