En grève depuis lundi, le personnel affilié à la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ-CSQ) a voté à plus de 91% en faveur d’une grève générale illimitée dans le but «d’envoyer un message clair» au gouvernement alors qu’il est en pleine négociation.
Après la fin abrupte de plusieurs journées intensives de négociation, vendredi soir dernier, la FIPEQ-CSQ sera de retour à la table de négociation demain, jeudi. «Actuellement, ça ne fonctionne pas à la table de négociations», a affirmé la présidente de la FIPEQ-CSQ et des intervenantes en petite enfance, Valérie Grenon.
En déclenchant une grève générale illimitée, les 3200 travailleuses en CPE membres du syndicat souhaitent faire avancer rapidement les négociations et forcer Québec à arriver avec une nouvelle proposition.
Une grève avant Noël
Valérie Grenon a laissé entendre que ce mandat sera utilisé avant les vacances des fêtes. «Il faut que ça se règle maintenant, donc avant Noël», a-t-elle précisé.
«On veut laisser une chance à la négociation, mais on ne laissera pas une chance pendant des mois et des mois. Notre convention collective est échue depuis mars 2020», a-t-elle souligné.
Mme Grenon a assuré que les milliers parents qui devront se trouver un plan B pour faire garder leurs enfants seront informés rapidement du déclenchement de la grève. «Si [la présidente du Conseil du trésor, Sonia] Lebel nous entend, tout pourrait se régler dès demain», a-t-elle ajouté.
Nos demandes syndicales sont basées sur des problèmes réels vécus sur le terrain. Mme Sonia Lebel et M. Mathieu Lacombe disent haut et fort qu’ils savent ce que les intervenantes à la petite enfance veulent. J’informe Mme Lebel et M. Lacombe qu’ils n’ont rien compris.
Valérie Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ et des intervenantes en petite enfance
«Pour l’avenir du réseau»
Valérie Grenon a tenu a rappelé que le moyen de pression devait être utilisé «pour l’avenir du réseau et pour éviter les bris de services». Pour elle, c’est même la «négociation de la dernière chance».
Selon un sondage réalisé auprès de 1099 intervenantes du réseau, près de 80% d’entre elles se disent «épuisées». La plupart (69%) des salariées interrogées ont même songé à quitter leur emploi en raison de cet épuisement au cours des trois dernières années.
Plusieurs d’entre elles attendent le résultat des négociations pour prendre leur décision, a souligné Mme Grenon. Actuellement, il y a une pénurie d’éducatrices dans les CPE et une baisse des inscriptions dans les programmes de Techniques d’éducation à l’enfance.
La FIPEQ réclame notamment le rehaussement du salaire d’entrée des intervenantes en petite enfance et la réduction de «la surcharge de travail immense». «Il y a 37 000 familles qui attendent une place, c’est pour ces 37 000 familles-là qu’on le fait, pour enfin avoir un réseau fort en CPE et attirer de la relève», a fait valoir la présidente du syndicat.
Pas assez pour les «autres» travailleuses
Par ailleurs, la FIPEQ demande aux négociateurs gouvernementaux de bonifier l’offre pour les «autres» travailleuses des CPE que les éducatrices, comme celles à la cuisine, à l’administration et à l’entretien.
Si Québec offre des augmentations généreuses aux éducatrices spécialisées, il n’en fait pas autant pour le reste des employés. Ces derniers se voient offrir 2% par année pendant trois ans, avec une bonification pour les plus bas salariés, à l’instar de l’ensemble de la fonction publique.
«Sans un mandat de grève général illimité, le gouvernement ne bronchera pas. Nous sommes face à un mur à la table de négociations avec leur fameux 2-2-2, soit 6% d’augmentation, un montant sous la hausse du coût de la vie qui appauvrira nos membres», avait déclaré Valérie Grenon mercredi matin avant le vote.
Elle souhaite que le mandat de grève illimité incitent d’autres syndicats qui négocient dans le secteur. «C’est ensemble qu’on va être capables de faire bouger les choses», a-t-elle ajouté.
D’ailleurs, la travailleuses représentées par la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), un syndicat affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), voteront à leur tour demain pour une grève générale illimité.
Des membres des trois organisations syndicales qui représentent des travailleuses dans les CPE (FIPEQ, FSSS et SQEES) ont simultanément manifesté devant les bureaux du ministère de la Famille, à Montréal, et devant les bureaux du Conseil du trésor, à Québec. Ils étaient des milliers à Montréal mercredi.