Il pourrait y avoir un avantage à traverser une vague de cas de COVID-19 aussi forte que celle vécue par le Québec en ce moment, depuis l’arrivée d’Omicron: elle pourrait mener vers une immunité collective contre ce variant, et contre le variant Delta.
Selon une récente étude sud-africaine, les personnes infectées par le variant Omicron possèdent des anticorps pour contrer la souche Delta. Il en va de même pour une réinfection à Omicron. Les scientifiques ont analysé les anticorps d’une trentaine de patients ayant contracté Omicron. Ils ont constaté que l’infection avec cette souche augmente de 14 fois la capacité de défense contre ce même variant.
Contre Delta, le potentiel de «neutralisation» augmente de 4,4 fois. En d’autres mots, être infecté par Omicron «peut entraîner une capacité de réinfection moindre de Delta», indique-t-on.
L’analyse du virologue Benoit Barbeau va aussi dans ce sens. Le spécialiste évalue qu’une personne qui contracte le variant Omicron verra sa réponse immunitaire «restimulée», et même adaptée à ce variant.
Cela va vous protéger contre une future infection du variant Omicron, en plus du fait que vous avez probablement activé d’autres composantes qui étaient aussi présentes lorsque vous avez reçu votre vaccin.
Benoit Barbeau, virologue
En route vers l’immunité collective?
L’immunité produite chez une personne infectée par Omicron va certainement mieux la positionner contre ce variant, mais aussi contre quelques autres variants, «sans pour autant être à 100%», précise celui qui est aussi professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM.
C’est un élément qui rejoint l’idée de protection de groupe tant recherchée. «Avec ce variant, c’est peut-être un peu ce qui va déclencher, éventuellement, une progression vers une immunité plus collective. On ne saurait prévoir, mais c’est une des directions possibles.»
C’est d’ailleurs la tendance avec les coronavirus: pour survivre, ils mutent en une maladie dont la proportion d’infection est diminuée et dont les symptômes sont moins graves. «Les variants vont être suffisamment neutralisés pour ne pas créer des flambées de cas d’infection et, surtout, éviter que trop de monde vulnérable soit infecté et hospitalisé», explique M. Barbeau.
Dans les dernières 24 heures, le Québec a enregistré plus de 16 000 nouveaux cas de COVID-19, un chiffre sous-estimé, selon la Santé publique.
Bien qu’il n’est jamais souhaitable d’être malade, même sans avoir à être hospitalisé, ce nombre élevé d’infections pourrait s’avérer positif pour les personnes vaccinées non vulnérables.
La protection naturelle, moins forte que celle du vaccin
Il faut toutefois prendre en considération que d’autres variants, plus résistants à cette «capacité de neutralisation», pourraient apparaître, et que la durée de protection diminue avec le temps, précise cependant Benoit Barbeau.
«L’infection naturelle ne va pas nécessairement donner une protection plus longue de façon marquée contre l’infection que les vaccins», rappelle-t-il.
C’est pourquoi, à l’instar de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), M. Barbeau affirme qu’il faut s’assurer de distribuer équitablement les vaccins à travers la planète. Sans quoi, des nouveaux variants continueront d’apparaître.