Les principaux fournisseurs de transport adapté de la région de Montréal demandent plus d’aide auprès de la Ville de Montréal et de Québec pour maintenir leurs services, mis en péril par la hausse du prix de l’essence et de l’acquisition des véhicules accessibles.
«Tout est devenu trop cher. L’augmentation du prix de l’essence nous affecte beaucoup», témoigne Sahmoudi Khalid, chauffeur-propriétaire de véhicule de transport adapté depuis six ans.
Il soutient que le prix de l’essence et les autres frais peuvent compter pour la moitié du salaire horaire qu’il reçoit pour une course, ce qui n’était pas le cas avant la pandémie.
Il lui faut donc travailler plus pour assumer les coûts de l’essence et les frais d’exploitation de son véhicule. Or, le travail est dépendant du volume d’appels, lui-même tributaire des saisons et des besoins des centres hospitaliers.
Point de rupture
«On est au point de rupture», a lancé mercredi matin en conférence de presse Frédéric Prégent, le président-directeur général de Taxelco, l’un des quatre intermédiaires en transport adapté de Montréal de la grande région de Montréal.
Il estime que l’industrie a déjà perdu entre 20 et 30% depuis le début de la pandémie. Cela pourrait passer bientôt à la moitié si la Ville de Montréal n’augmente pas le salaire horaire des chauffeurs par l’entremise des subventions à la Société de transport de Montréal.
Les entreprises Taxelco Taxi Para-Adapté, Van Médic, Rosemont Transport Van Adapté assurent plus de 90% des services en transport adapté de la Société de transport de Montréal et plus des trois quarts des courses vers les hôpitaux.
Leurs chauffeurs bénéficient d’une subvention de 20 000 $ du ministère des Transports du Québec pour l’acquisition et l’adaptation d’un véhicule.
«Ça ne reflète pas du tout l’augmentation des coûts qui a presque doublé», croit M. Prégent.
Il risque d’y avoir un bris de service pour les usagers, parce qu’il y a un manque de véhicules et de chauffeurs.
Frédéric Prégent, président-directeur général de Taxelco
Bris de service
Le président de Taxi Para-Adapté, Yung Cuong, estime que l’achalandage a atteint 60% de son niveau d’avant la pandémie.
Il craint qu’avec la réouverture de l’économie, les services ne puissent pas reprendre comme avant, en raison de la pénurie de chauffeurs et de véhicules.
«On a absolument besoin de l’intervention du gouvernement et de la Ville pour créer un modèle qui permettra de garder les chauffeurs existants et de recruter les chauffeurs», a-t-il martelé.
Les quatre fournisseurs de transport adapté rencontreront des représentants du ministère des Transports du Québec (MTQ) la semaine prochaine pour discuter de leurs doléances. Une rencontre que le porte-parole du MTQ, Nicolas Vigneault, n’a pas pu confirmer.
Il fait valoir que le budget du nouveau programme de subvention aux véhicules collectifs annoncé est de neuf millions de dollars pour 2021 à 2024. «C’est une somme substantielle, ça s’ajoute au financement du transport adapté dans son ensemble», a-t-il mentionné.
Pour sa part, la Société de transport de Montréal indique qu’elle mettra en place une prime allant jusqu’à 0,15 $ par kilomètre parcouru lorsque le prix moyen du carburant est au-delà de 1,55 $ le litre et, ce, jusqu’à concurrence de 2,50 $ le litre. Elle sera versée rétroactivement au 1er mars 2022.
«Cette prime sera en vigueur jusqu’à la fin de l’entente contractuelle avec les fournisseurs de taxis accessibles», peut-on lire dans un courriel envoyé à Métro.