Un opposant à l’actuel gouvernement haïtien, Fritz Alphonse Jean, de passage à Montréal, a critiqué la politique canadienne en Haïti dans Saint-Michel samedi, devant quelques 300 Montréalais.
M. Jean préside le groupe de l’Accord de Montana. Il s’agit du nom de l’hôtel où le document a été signé par environ 50 partis politiques et organisations de la société civile. S’il félicite le premier ministre Justin Trudeau pour les sanctions canadiennes qui touchent une vingtaine de personnalités politiques, gouvernementales et du monde des affaires, l’économiste juge étrange l’attitude d’Ottawa vis-à-vis du régime de fait de Port-au-Prince.
«Je félicite le premier ministre Trudeau pour les sanctions qui touchent au moins deux membres de l’actuel gouvernement haïtien, mais nous ne comprenons pas sa tolérance face au premier ministre Ariel Henri», a-t-il lancé sous les applaudissements de l’assistance réunie au centre culturel haïtien La perle retrouvée.
Une alternative en Haïti?
Par ailleurs, M. Jean estime que le Canada est loin du compte en matière de personnes à sanctionner dans ce pays. «La liste est totalement incomplète. La majorité des gens en Haïti le savent», estime le dirigeant du groupe de Montana.
En entrevue avec Métro, Fritz Alphonse Jean, qui a été choisi par cette organisation sociopolitique pour présider la transition à la suite de l’assassinat de Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, se présente comme l’alternative au pouvoir en place en Haïti.
«Montana et ses alliés sont suffisants comme projet pour changer la gouvernance et régler la question d’insécurité», affirme M. Jean. Ce dernier a rencontré au cours de sa visite au Canada plusieurs officiels dont le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet.
Mais il refuse de préciser s’il a rencontré des membres du gouvernement de Justin Trudeau. «J’ai rencontré des officiels, mais toutes les rencontres que j’ai faites sont confidentielles», avance l’opposant haïtien.
Intervention ou pas?
M. Jean se dit contre toute intervention militaire en Haïti en raison des échecs passés. Il parle plutôt d’une task force qui serait dirigée par Haïti, des experts haïtiens en sécurité basés au Canada, en France ou aux États-Unis.
«Des experts internationaux en guérilla urbaine pourraient intégrer cette force», admet l’anti-interventionniste. La police nationale haïtienne dispose d’environ 9 000 hommes de troupes pour une population de 12 millions d’habitants, un nombre très en deçà des normes internationales en matière de sécurité.
«Nous sommes contre toute intervention militaire en Haïti», a affirmé un des organisateurs de la rencontre, Ismael Rebert. Sa collègue Jenny-Laure Sully a renchéri: «nous ne voulons pas de fausses solutions». Les interventions militaires par le passé comme la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (MINUSTHA), n’ont rien donné.
Une deuxième manifestation se tiendra plus tard dimanche devant le bureau de député du premier ministre Justin Trudeau.