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Crise du logement: la situation s’aggrave après le 1er juillet

«C’est pas fini pour nous, le 1er juillet», souligne Valérie Rhême, porte-parole à l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), en entrevue avec Métro mardi. «Samedi, on avait 25 ménages hébergés d’urgence. Ce matin, le 4 juillet, on en avait 39. […] Et on s’attend à en voir encore plus dans les jours qui viennent.»

«Certaines personnes vont faire appel à la famille ou aux amis temporairement, mais il va y avoir des décisions prononcées au TAL [Tribunal administratif du logement], des évictions», ajoute-t-elle. Ces situations peuvent amener à une augmentation du nombre de ménages pris en charge.

Selon Sébastien Olivier, de la Société d’habitation du Québec (SHQ), «près de 200 ménages à travers la province se retrouvent actuellement relogés de manière temporaire par les services d’aide et par des proches. L’accompagnement se poursuit dans le but de résoudre leur problématique pour remplacer avec une solution permanente de logement», explique-t-on.

Ce chiffre de 200 ne comprend pas seulement les personnes déplacées lors du 1er juillet, mais aussi celles qui sont en attente pour une solution de logement permanente. Au lendemain de la journée de déménagement, au moins 115 personnes suivies par un service d’aide n’avaient pas réussi à signer un nouveau bail à Montréal, selon les données du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

La porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme, insiste sur le fait que ces chiffres ne reflètent pas toute l’ampleur de la crise du logement. De nombreuses personnes, contraintes de camper, de vivre dans leur voiture ou encore de vivre dans un motel, ne sont pas comptabilisées dans ces statistiques, explique-t-elle.

Ainsi, malgré le soutien des Services d’aide à la recherche de logement (SARL), plusieurs personnes n’ont toujours pas de toit. C’est le cas de près de 700 ménages locataires partout au Québec.

Un taux d’occupation exceptionnellement bas

La proportion de logements inoccupés au Québec et disponibles à la location est sous le seuil d’équilibre depuis plusieurs années, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Ce taux d’inoccupation a oscillé entre 2,4% et 1,7% entre octobre 2018 et 2022, bien en dessous du seuil d’équilibre de 3% reconnu par la SCHL.

Face à cette crise, le FRAPRU estime que les gouvernements doivent prendre des mesures d’urgence pour améliorer la situation du logement, en finançant notamment la construction de logements sociaux. L’organisme estime qu’il faut un minimum de 50 000 logements sociaux et communautaires hors marché, en cinq ans, autant en construction neuve que par l’acquisition et la rénovation de bâtiments résidentiels déjà construits.

«Ne pas avoir un logement au 1er juillet, ça peut être le début d’une spirale vers la rue», une urgence que les gouvernements ne peuvent plus ignorer, estime Véronique Laflamme.

C’est d’abord Québec qui doit fournir des outils convenables pour mener à bien un tel chantier, en se dotant d’un programme entièrement dédié au logement social, qui fonctionne et se suffit à lui-même. Le gouvernement ne peut pas se dédouaner de ses responsabilités. […] Ça ne peut plus attendre.

Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU

«À Montréal, la situation est déjà intenable, poursuit-elle. Les 1500 nouveaux logements dits abordables annoncés dans le dernier budget de Québec sont absolument insuffisants. Si on veut renverser la tendance et répondre aux besoins les plus urgents dans leur diversité, il faut un minimum de 50 000 logements sociaux et communautaires hors marché, en cinq ans.»

«On la voit, on la sent, la détresse qui augmente. Le logement social, c’est la responsabilité du gouvernement du Québec. Ça fait trois ans qu’il n’y a pas d’argent d’investi, a déclaré la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le 1er juillet. Les demandes d’aide augmentent d’année en année pour le 1er juillet, mais on va s’entendre, ce qu’on vit aujourd’hui, c’est juste la pointe de l’iceberg.»

Des loyers qui ont explosé

Selon le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), le loyer moyen des logements offerts en location sur la plateforme Kijiji durant l’hiver et le printemps 2023 au Québec serait de 1470 $ par mois.

«Il y a de plus en plus de gens qui n’ont pas d’autre choix qu’accepter quelque chose d’inabordable pour eux. L’an dernier, il y a eu une hausse des évictions pour non-paiement de loyer. Ça va arriver encore une fois cette année. Il va y avoir encore plus de pression que les années précédentes», prévoit Cédric Dussault, co-porte-parole du RCLALQ.

La SCHL confirme cette tendance alarmante. Les dernières données de la Société montrent que le loyer moyen de l’ensemble des logements locatifs a augmenté de 25,1% en quatre ans, et que le taux d’inoccupation dans plusieurs municipalités avoisine actuellement le 0%.

Face à ce tableau alarmant, le FRAPRU presse le gouvernement du Québec de prendre des mesures concrètes pour protéger les locataires contre les abus du marché. Selon l’organisation, la solution passe par la création de logements sociaux, le retrait de la clause F et l’abandon de la suppression de la cession de bail dans le projet de loi 31.

«Ça ne peut plus attendre», insiste Véronique Laflamme, qui rappelle aussi que le milieu communautaire en habitation attend depuis quatre ans des améliorations qui n’ont jamais été apportées au programme AccèsLogis.

Avec les informations de Matéo Gaurrand-Paradot.

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