Un groupe de 132 chauffeurs de taxi de Montréal déposera dans les prochains jours une demande d’injonction contre la Ville de Montréal et le Bureau du taxi de Montréal (BTM) afin d’exiger l’abolition du code vestimentaire imposé aux chauffeurs de taxi de la métropole.
L’injonction devait être déposée mardi matin à Montréal, mais le groupe a dû repousser le dépôt puisque certains documents manquaient à leur dossier. Le chauffeur Mouhcine El Meliani présentera l’injonction, avec l’appui de ces 132 chauffeurs de taxi.
Une nouvelle disposition au règlement municipal sur le transport par taxi exige des chauffeurs, depuis janvier 2016, de porter «un pantalon long noir, une chemise blanche ou un chandail blanc de type «polo» avec des manches, des chaussettes et des chaussures fermées».
Mouhcine El Meliani explique qu’une vingtaine de chauffeurs, dont lui-même, ont reçu des contraventions de 174$ depuis le mois d’avril de la part des inspecteurs du Bureau du taxi avec la justification «port du jeans interdit». Ces chauffeurs portaient effectivement un jeans noir lors de leur quart de travail.
«On ne mentionne nulle part dans le règlement que le jeans est interdit. On ne parle que d’un pantalon noir, et la texture ou le genre du pantalon n’est pas spécifiée, s’insurge M. El Meliani. On n’a rien contre le règlement, on l’a adopté et on est conforme à ce qui est inscrit dans le règlement. Si le règlement avait exclu les jeans, on n’en porterait pas. Mais l’application de la part des inspecteurs n’est pas bonne et elle est abusive. On s’habille correctement, mais ils ont déformé le règlement comme ils l’entendaient.» Après vérification faite par Métro, il n’y a en effet aucune interdiction contre le jeans dans le règlement.
Au printemps dernier, M. El Meliani avait reçu deux contraventions de 174$ pour non respect du code vestimentaire en moins d’un mois. Une vidéo qu’il a réalisée montre un agent du BTM lui donnant une contravention en lui indiquant qu’il ne doit pas porter de jeans et doit avoir des chaussettes dans ses chaussures. M. El Meliani précise qu’il portait des mini-chaussettes (socquettes) dans ses mocassins et qu’avec son polo Burberry et sa ceinture Louis-Vuitton, il respectait l’esprit du règlement qui demande aux chauffeurs de s’habiller proprement.
Le dépôt de cette injonction fera suite à l’envoi d’une mise en demeure un peu plus tôt au mois d’août BTM, par M.El Meliani, demandant l’abolition du code vestimentaire. Il avait prévenu le BTM que si celui-ci n’obtempérait pas, il prévoyait déposer sa requête en injonction interlocutoire en septembre.
M. El Meliani explique que ces chauffeurs choisissent de porter un jeans puisque le pantalon à deux poches risquerait de leur faire perdre leurs clés et leur argent, qui glisseraient hors de leur pantalon lorsqu’ils sont en position assise dans leur taxi.
«Il y a même un chauffeur, samedi, qui a reçu une contravention puisque son polo était déboutonné», fulmine M. El Meliani.
Le groupe de chauffeur souhaite maintenant l’abolition de cette disposition du règlement afin de pouvoir porter «en tant que travailleurs autonomes» les couleurs de vêtements qu’ils souhaitent. «Porter des pantalons noirs, en été, alors que nous sommes tout le temps dans notre taxi, il fait très chaud. Même en portant les couleurs que l’on souhaite, on restera propre et sobre. On a une clientèle, on n’est pas là pour s’habiller comme des clochards pour servir le monde», explique M. El Meliani.
Le BTM n’a pas souhaité commenter l’affaire, disant vouloir laisser le processus judiciaire suivre son cours. Métro a demandé au BTM si le port du jeans était effectivement interdit pour les chauffeurs de taxi. «Les chauffeurs peuvent contester leur contravention et plaider non coupable. C’est ce qu’on les invite à faire», a simplement répondu Marie-Hélène Giguère, porte-parole au BTM. Lorsque Métro a mentionné qu’il n’y avait pas de mention des «jeans» dans le règlement, alors que les contraventions reçues par les chauffeurs indiqueraient que le «port du jeans est interdit», le BTM répond qu’«il est écrit que le pantalon doit être propre, sobre et convenable. Si une contravention a été émise, il y a eu une évaluation des inspecteurs qui ont jugés que dans cette situation le vêtement n’était pas convenable», indique Mme Giguère.