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Commissions «abusives»: les chauffeurs de taxi de PKP s’attaquent à leur employeur

Pierre Karl Péladeau et le directeur de Téo Taxi devant un de leur véhicule électrique
Pierre Karl Péladeau a annoncé la mise en circulation de 55 véhicules électriques Téo au Québec. Photo: Refined Moment.

Des chauffeurs de taxi qui travaillent pour une compagnie chapeautée par l’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau (PKP) dénoncent les commissions «abusives» prélevées par leur employeur pour les trajets payés avec une carte bancaire. Ils réclament une compensation de près de 2,7 M$.

Arieh Perecowicz, qui a plus de 20 ans d’expérience à titre de chauffeur de taxi, est à l’origine d’une demande d’action collective déposée lundi en Cour supérieure du Québec. Celle-ci s’adresse à Placements Saint-Jérôme.

La société par actions, présidée par PKP, possède plusieurs compagnies de taxi qui opèrent principalement à Montréal. Parmi celles-ci, on compte notamment Taxelco, qui gère Téo Taxi, Taxi Diamond et Taxi Hochelaga. La compagnie chapeaute aussi Taxi Central Beloeil, Taxi-Charge et Veteran’s Taxi.

En tout, ce sont environ 1720 chauffeurs qui sont concernés par cette demande d’action collective, rédigée par Me Joey Zukran, du cabinet LPC Avocat. Celle-ci allègue que l’employeur exige des commissions «abusives» au moment des transactions bancaires des chauffeurs de taxi. Une façon de faire qui serait «illégale» en vertu du Code civil du Québec, affirme le document, dont Métro a obtenu copie.

Une marge de 6440% pour l’employeur

La demande d’action collective, qui a d’abord fait l’objet d’un article publié dans La Presse, étoffe son argumentaire en donnant l’exemple d’une course de 50$ payée de différentes façons par des clients.

Ainsi, si un client paie la note en argent comptant, aucune commission ne s’applique. L’employeur exige toutefois «une commission abusive» de 4,8% à 6% aux conducteurs lorsqu’un client paie une course avec sa carte de débit ou de crédit.

Pourtant, le coût de traitement d’une carte de débit s’élève en moyenne à 0,05$ pour l’employeur. Ainsi, en chargeant plutôt 3,27$ à son chauffeur pour une course de 50$, l’entreprise s’accorde une marge bénéficiaire de 6440%, allègue la demande d’action collective.

Pour un paiement par carte de crédit, le coût de traitement pour l’employeur est d’environ 2,65%. En exigeant une commission de 5,70% à un chauffeur de taxi pour une course de 50$ payée de cette façon, sa marge bénéficiaire monte alors à plus de 145%, peut-on également lire.

Les commissions imposées aux chauffeurs de taxi de Placements Saint-Jérôme seraient beaucoup plus élevées que celles qu’exigent d’autres compagnies de taxi de la province, affirme le document.

«Le demandeur soutient que le défendeur agit de mauvaise foi parce qu’il force ses chauffeurs de taxi d’utiliser ses services de traitement des paiements, puis impose des commissions flagrantes qui sont disproportionnées par rapport au coût réel [de traitement des transactions bancaires]» -Extrait de la demande d’action collective

Pertes financières pour les chauffeurs de taxi

Pour le requérant Arieh Perecowicz, qui a notamment travaillé pour Taxi Diamond, ces commissions représenteraient des pertes financières de plusieurs centaines de dollars sur quelques années.

La demande d’action collective vise donc à forcer l’employeur à débourser près de 2,7 M$ pour compenser les pertes financières alléguées de 1720 chauffeurs sur une période de trois ans.

Les chauffeurs réclament aussi un plafond de 25% pour la marge bénéficiaire que s’accorde l’employeur lorsqu’un client utilise sa carte bancaire pour payer une course en taxi, afin de mieux encadrer cette pratique.

Cette demande d’action collective survient alors que la situation financière des chauffeurs de taxi écope grandement de la pandémie, qui a fait chuter le tourisme et le nombre de déplacements à Montréal.

Métro n’a pas réussi à rejoindre Placements Saint-Jérôme, mardi.

Avec François Lemieux, Métro

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