Depuis que l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a annoncé qu’elle ne prolongerait pas le financement alloué au programme Dopalliés, l’organisme Dopamine tente tant bien que mal de trouver une solution pour garder son volet dédié aux consommateurs de drogues injectables en vie. Le financement viendra à échéance le 1er avril.
L’automne dernier, l’ASPC avait mentionné que le gouvernement avait été contraint de faire des choix dans le Fonds d’initiatives communautaires en matière de VIH et d’hépatite C (FIC), dans lequel figurait Dopalliés. 224 demandes totalisant plus de 63 M$ par année lui avaient été adressées, alors que l’enveloppe budgétaire annuelle n’est que de 26,4 M$. Mis à part Dopamine, 46 autres organismes qui bénéficiaient de cette aide ont essuyé un refus.
Le programme bénéficiait d’une aide annuelle de 120 000$, qui devait au départ s’arrêter en mars 2017. En septembre 2016, Santé Canada avait toutefois accordé un «financement transitoire» d’un an pour laisser le temps à l’organisme de trouver de nouveaux soutiens. Maintenant que ce délai est écoulé, Dopamine doit se tourner vers de nouvelles ressources.
Sans solution concrète pour l’instant, l’organisme fonde tous ses espoirs sur le nouveau Fond de réduction des méfaits du gouvernement du Canada.
«On répond à tous les critères, alors je suis optimiste que ce sera concluant», mentionne Martin Pagé, directeur général de Dopamine.
Par contre M. Pagé et son équipe ne verront la couleur de cet argent qu’à l’automne prochain, si la demande est acceptée. Pas question, toutefois, de suspendre le programme en attendant.
«Cela fait presque dix ans qu’on reçoit une dizaine de personnes par semaine aux séances de Dopalliés. C’est impensable d’y mettre un terme. Cela rejoint beaucoup de gens. On va trouver les moyens de garder le programme vivant en attendant un nouveau financement», affirme le directeur de Dopamine.
Le programme consiste en fait en des ateliers de groupe hebdomadaires, au cours desquels différents sujets en lien avec les drogues injectables et les maladies telles que le VIH ou l’hépatite C sont abordés. L’objectif est de sensibiliser le plus de consommateurs possible, pour ensuite propager la bonne parole au sein de la communauté.
M.Pagé s’est dit déçu de la décision de l’ASPC, qui n’a pas changé de position malgré plusieurs demandes de révision.
«On a été ébranlés, confie-t-il. Sans rabaisser les autres programmes, je pense vraiment qu’on a quelque chose d’intéressant entre les mains. C’est un programme qui a fait ses preuves au fil des années et je crois sans prétention qu’on réussit à apporter quelque chose de bien au quartier Hochelaga-Maisonneuve.»
Soutien
La députée fédérale d’Hochelaga, Marjolaine Boutin-Sweet, s’est impliquée dans ce dossier depuis l’annonce du retrait des subventions. Le 28 mars, une lettre a d’ailleurs été envoyée à la présidente de l’ASPC.
«Dans un contexte où notre communauté est durement touchée par la crise des opioïdes, je m’explique mal comment vous pouvez justifier d’interrompre le programme qui a, entre autres, permis de former rapidement les consommateurs à l’administration de la naloxone (composant chimique qui inverse les effets des opiacés et qui permet de contrer les surdoses liées au fentanyl), sauvant ainsi de nombreuses vies dans la dernière année», souligne Mme Boutin-Sweet dans la lettre en question.
Mme Boutin-Sweet déplore également le manque de connaissance de la réalité du terrain et du manque de logique de l’ASPC dans ce dossier.
«Je ne lâcherai pas le morceau, a mentionné la députée à TC Media. C’est un programme qui me tient à cœur et il faut absolument maintenir ce programme essentiel dans le quartier».