L’ombudsman de Montréal (OdM), qui traite gratuitement des litiges entre les citoyens et leur administration municipale, fête ses quinze ans d’existence cette année. Depuis qu’elle a pris sa vitesse de croisière, cette équipe de neuf personnes est passée de 1300 demandes traitées par an à près de 2000. Pour l’occasion, l’ombudsman de Montréal, Johanne Savard, dresse un bilan de certaines réalisations marquantes.
Protection des acquittés. L’un des premiers dossiers de l’ombudsman a été de pousser la Cour municipale à cesser de rendre accessibles les dossiers des personnes acquittées d’une accusation criminelle. «Auparavant, seules les personnes trouvées coupables pouvaient obtenir un « pardon » et bénéficier de ce privilège. Les personnes acquittées avaient donc moins de droits que celles déclarées coupables, ce que nous trouvions injuste et inéquitable, mentionne l’ombudsman de Montréal. Depuis, plus de 7 000 demandes de retrait de dossiers en vertu de cette politique ont été acceptées. Ce sont d’autant plus de personnes non coupables qui ne risquent plus de se voir refuser un emploi ou un autre privilège parce que l’entité a découvert par une simple vérification que cette personne avait déjà été accusée d’un crime.»
Forêt Angrignon. Fait cocasse, la forêt du parc Angrignon doit en quelque sorte sa régénération à l’ombudsman de Montréal et à une citoyenne qui se plaignait en 2005 que l’herbe n’y avait pas été coupée depuis longtemps. Si un processus de régénération naturel avait été entamé dans le secteur, Mme Savard a rappelé plusieurs fois à l’ordre l’arrondissement de LaSalle qui a, par la suite et pendant plusieurs mois, tenté de faire faucher certains secteurs de la forêt pour des raisons esthétiques. «Pour assurer la pérennité de cette forêt, l’ombudsman a obtenu de la Ville qu’elle s’engage à y limiter les interventions mécaniques qui détruisaient toutes les nouvelles pousses. Cette forêt sera ainsi encore présente pour les générations futures», se félicite Mme Savard.douze ans plus tard.
Autres succès
-Retrait de 250 contraventions pour les automobilistes le long de la piste cyclable Saint-André à cause d’un affichage confus en novembre 2016
-L’interdiction de stationnement autour d’une borne-fontaine est passée de 5 à 3 mètres, permettant de créer plus d’espaces pour se garer.
-L’amélioration de l’efficacité des autorités pendant des problèmes de salubrité des logements (une quarantaine de dossiers par an).
Avenir. Pour l’avenir, Johanne Savard souhaite voir une amélioration du service à la clientèle offert par les autorités municipales. «Il y a encore beaucoup de plaintes à propos de l’absence de rappel ou au sujet des très longs délais avant le rappel, de même qu’à propos de l’absence de suivi avec les citoyens sur le traitement de leurs plaintes», dit-elle. L’ombudsman travaille aussi à la rédaction d’un guide interne d’équité procédurale et d’équité décisionnelle. «Le citoyen doit être convaincu que son dossier sera traité avec respect et diligence, sinon il n’aura pas confiance dans le résultat, surtout si c’est un refus.» Malgré une perquisition policière à la fin de l’année 2014, Mme Savard a été reconduite en novembre 2015 pour quatre années. Elle assure qu’il s’agit d’allégations non fondées de la part d’une ex-employée.