Au début du XXe siècle, ce fut l’un des édifices les plus imposants de l’empire britannique. On y trouvait une porte blindée de 30 tonnes et un stand de tir. Le gouvernement britannique y a même envoyé une bonne partie de ses économies durant la Seconde Guerre mondiale. Pour son 100e anniversaire, l’édifice Sun Life du centre-ville de Montréal se raconte au fil d’un parcours d’affiches et de visites qui relatent aussi indirectement l’histoire de Montréal. En voici un aperçu.
Matériaux. Les 60 200 blocs de granit gris de Stanstead (Estrie) et le marbre à l’intérieur contribuent à en faire un édifice extrêmement lourd (250 000 tonnes, soit sept ponts Jacques-Cartier). «De la noblesse des matériaux se dégage un sentiment de solidité pour la clientèle. Il faut savoir que la construction s’est poursuivie au lendemain du krach boursier de 1929, période durant laquelle plusieurs faillites retentissantes avaient semé le doute dans la population», mentionne le guide. Aujourd’hui, changer les portes battantes en cuivre d’une des 15 entrées, ou les éléments en laiton des 25 ascenseurs, peut s’avérer un défi, mais l’édifice a su garder son cachet. La preuve: le courrier destiné à Postes Canada continue d’atterrir au rez-de-chaussée par simple gravité à travers une colonne qui dessert tous les étages, du rez-de-chaussée jusqu’au 23ème de l’édifice.
Faits cocasses
- Jusqu’en 1969, les 23 ascenseurs sont actionnés par des liftiers en uniforme blanc.
- On trouvait au 16e étage un stand de tir
- De 1936 à 1952, Scarlet, le faucon nichant au 20e étage, a fait naître 21 fauconneaux.
- Signe des temps, les faucons du centre-ville logent désormais à la tour de la Bourse.
En 1978, alors que le débat sur la loi 101 et sur la primauté du français au travail fait rage, la Sun Life décide comme d’autres entreprises de déménager son siège social à Toronto en invoquant des raisons économiques et l’instabilité politique. Aujourd’hui, l’entreprise d’assurances et de gestion de patrimoine fondée en 1871 a des bureaux dans 26 pays. Elle a malgré tout gardé autour de 2000 employés dans son édifice centenaire. Ces derniers n’occupent toutefois plus que le tiers de l’édifice. Ainsi, la majestueuse salle aux colonnes corinthiennes qui a accueilli ses premiers clients en 1918 héberge désormais la salle des marchés de la Banque nationale.
Le visiter: Pour son centenaire, des visites ouvertes à tous sont organisées les 24 et 25 novembre, 1er et 2 décembre. Plus de détails ici.