Si la grogne des commerçants sur Sainte-Catherine Ouest se fait de plus en plus sentir, la mairesse de Montréal Valérie Plante appelle plutôt au calme. Elle s’est dite mardi d’autant plus «surprise» de leur attitude que son administration a «déjà injecté» quelque 25 M$ dans un programme de dédommagement auquel un seul entrepreneur aurait adhéré depuis novembre.
«Je ne vous cacherai pas que je pense qu’il faut qu’ils fassent leur bout aussi en posant sa candidature auprès de nos équipes. On veut et on va les appuyer là-dedans, […] mais on ne se promène pas dans la rue en donnant des chèques. Les gens doivent appliquer, c’est une question de bonne gestion», a plaidé la chef de Projet Montréal, qui a visité mardi la première phase du chantier entre De Bleury et Robert-Bourassa.
Dans les derniers jours, plusieurs commerçants se sont plaints de la baisse de leur chiffre d’affaires depuis le début du chantier, allant de 30 à 50% pour certains. Plusieurs d’entre eux demandent un congé de taxes à l’administration, n’ayant pas le temps d’attendre pour obtenir la compensation municipale pouvant aller jusqu’à 30 000$ par année.
«Ça n’a jamais été mis sur la table. Oui, la taxe foncière, c’est beaucoup de poids sur le dos des citoyens et des commerçants, mais je n’ai pas la possibilité comme mairesse de faire des congés de taxes.» -Valérie Plante
D’après la mairesse, les démarches auprès de Québec sur le pacte fiscal visent justement à se donner de nouvelles sources de revenus pour diminuer cette fragilité, d’autant plus que «le dernier budget a réduit l’écart entre taxe résidentielle et taxe non-résidentielle», souligne-t-elle.
Montréal estime avoir complété 38% des travaux d’infrastructures depuis février dernier entre De Bleury et Robert-Bourassa, la plupart des réseaux souterrains d’aqueduc et d’égouts devant être refaits entre ces deux axes. La Ville veut aussi élargir les trottoirs et réaménager certaines places publiques du même souffle.
Plus tôt, en mars dernier, la société Destination Centre-Ville avait mis en place plusieurs mesures pour optimiser le stationnement et l’animation sur Sainte-Catherine. «C’est primordial que cette rue demeure une destination de classe mondiale, animée et accueillante pendant cette période de transformation», a envisagé mardi le DG de l’organisme, Émile Roux.
Tant le responsable du développement économique, Robert Beaudry, que la mairesse Plante se sont dits «satisfaits» de l’avancement du chantier. «Les commerçants et les propriétaires nous ont dit qu’ils voulaient un chantier rapide, a avancé Mme Plante. Il va se faire en un an et demi, alors qu’en temps normal, ce genre de travaux, ça peut prendre de 4 à 5 ans. Ça se fait 24h sur 24, 7 jours sur 7, en gardant le chantier propre et respectueux. On ne va pas faire du marteau piqueur en pleine nuit.»
Même si aucun chantier n’est parfait, tout a été développé «selon un concept d’aménagement repensé», d’après M. Beaudry. «On laisse une grande place aux piétons. C’est la nouvelle réalité commerciale. Quand les travaux seront complétés, cette artère mythique offrira une expérience totalement unique», a-t-il renchéri.
Mesures supplémentaires
Avec l’arrivée du Grand Prix – période faste pour les commerçants de la rue Sainte-Catherine, entre autres – la Ville refermera par ailleurs le chantier à certains endroits ciblés, dont la rue Union, afin de faciliter une circulation plus fluide. «C’est tout un tronçon qu’on va pouvoir asphalter. On s’adapte, on essaie d’être flexibles dans la mesure du possible», a noté la mairesse à ce sujet.
D’après le directeur aux grands projets de l’arrondissement de Ville-Marie, Guy Charbonneau, le coût de la première phase du chantier sur Sainte-Catherine sera «d’à peu près 123 M$, incluant le Square Philips et les rues autour». «La fin des travaux, pour les infrastructures, ce sera en octobre. On va reprendre au printemps pour la finition de surface. À l’automne 2020, cette section-là va être terminée», a-t-il promis.
Appelée à faire des projections pour la suite, la mairesse n’a pas voulu s’avancer sur une date butoir pour la fin du chantier dans son ensemble. «On sait qu’on doit aller jusqu’à Atwater, mais on n’en est pas là. On n’a même pas encore fait d’appel d’offres», a-t-elle résumé.