Montréal

L’utilisation grandissante du taser au SPVM préoccupe Montréal

En plus d'être responsable de la mort d'individus dans certains cas, le Taser est souvent utilisé inadéquatement, d'après Amnesty.

Les policiers de Montréal font de plus en plus usage de pistolets électriques, une situation qui préoccupe tant l’opposition officielle que l’administration municipale, qui compte entamer «une réflexion» sur la pertinence de cette arme.

L’an dernier, des policiers montréalais ont fait usage à 383 reprises d’armes à impulsion électrique, aussi appelés Taser gun, indique le dernier rapport annuel du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). En comparaison, cette arme a été utilisée à 236 reprises en 2017 et 112 fois en 2016.

L’an dernier, le SPVM a annoncé son intention de munir l’ensemble des patrouilleurs du SPVM qui travaillent en duo de pistolets électriques d’ici 2020.

«Il y a une augmentation de l’utilisation, mais aussi une augmentation du nombre de pistolets. Ça ne peut qu’amplifier le nombre de plaintes qu’on pourrait avoir et ça pourrait faire une corrélation bien claire au niveau de la perception du profilage racial et social», a réagi mardi le vice-président de la Commission sur la sécurité publique et élu d’Ensemble Montréal, Abdelhaq Sari.

En marge de la présentation publique du rapport annuel du SPVM devant la commission municipale, M. Sari a qualifié de «paradoxal» l’utilisation grandissante des pistolets électriques alors que le corps de police entend former l’ensemble de ses patrouilleurs en désescalade d’ici 2022 afin de prioriser l’utilisation de tactiques verbales pour désamorcer des situations de crise impliquant notamment des personnes ayant des troubles de santé mentale.

«Il y a un manque d’alignement dans la façon de gouverner du SPVM», a lancé l’élu, qui a par ailleurs rappelé que le corps de police s’est montré ouvert l’an dernier à la possibilité de munir ses patrouilleurs de fusils d’assaut.

La Ligue des droits et libertés, qui réclame que la fin de l’utilisation des pistolets électriques, a qualifié de «très inquiétant» la hausse de l’utilisation de cette arme qui, a-t-elle rappelé, «peut causer la mort».

«La Ville de Montréal doit assumer son rôle d’autorité politique responsable de la sécurité des Montréalais en interdisant l’utilisation de cette arme sur son territoire par son corps de policier immédiatement», a noté l’organisme dans une déclaration écrite à Métro.

«Une question sensible»
Appelé à réagir, le président de la Commission sur la sécurité public et membre de l’administration municipal, Alex Norris, a reconnu que l’utilisation de plus en plus répandue de cette arme par les policiers de Montréal devra faire l’objet d’«une réflexion» par la Ville.

«Il y a un débat autour de l’utilisation du taser. Certains trouvent que ça peut être un bon moyen d’éviter d’utiliser l’arme à feu, mais il y en a aussi qui trouvent que ça comporte des risques», a souligné M. Norris, qui a qualifié l’utilisation de cette arme de «question sensible».

L’utilisation des pistolets électriques par les policiers varie néanmois d’une situation à l’autre. Ainsi, sur les 383 fois où cette arme a été manipulée par un policier l’an dernier, 336 n’ont été que des démonstrations, ce qui signifie que l’arc électrique a été activé sans que les sondes soient déployés et ne blessent un individu.

«Dès qu’une personne sort son arme, c’est une démonstration, et normalement, ça fonctionne à désamorcer une situation de crise», a nuancé mardi le chef de police du SPVM, Sylvain Caron.

Cette arme a par ailleurs été utilisée à 46 reprises en mode «projection», soit lorsque les sondes sont propulsées sur une personne pour l’immobiliser ainsi qu’à une reprise en mode «contact», soit lorsque le pistolet électrique touche la peau d’un individu afin de créer une douleur locale.

«Ça me rassure de voir qu’on utilise des armes à impulsion électrique au lieu d’armes à feu.» -Sylvain Caron, chef de police du SPVM.  

Focus piétons
Le chef de police du SPVM a par ailleurs qualifié de «préoccupant» le bilan routier des piétons l’an dernier à Montréal, qui fait état de 18 piétons décès en 2018, soit trois de plus que l’année précédente.

«C’est une priorité pour nous de sécuriser [les déplacements] des piétons, de voir quels sont les facteurs. Il y a des intersections qui sont plus problématiques que d’autres, sur lesquelles nos gens travaillent actuellement avec les organismes du milieu», a affirmé M. Caron, qui a noté que les personnes de 55 ans et plus sont davantage «visées» par ces accidents.

«On remarque malheureusement que la clientèle ciblée par rapport aux autres victimes sont les personnes âgées, donc il y a un travail de sensibilisation et de prévention à faire dans certains secteurs.»-Sylvain Caron, chef de police du SPVM.  

Depuis le début de l’année, sept piétons sont décédés sur les routes de la métropole.

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