Montréal

Tramway de Québec: les 800 M$ de Montréal en échange du «tronçon ouest de la ligne rose»

Les ministres Christian Dubé et Chantal Rouleau en compagnie de la mairesse de Montréal, Valérie Plante.

La Ville de Montréal a conclu une entente avec le gouvernement du Québec qui permettra de compléter le financement du réseau de transport structurant de Québec en échange de la réalisation de projets dans le réseau du métro de la métropole et d’une promesse de se pencher sur la réalisation d’un éventuel «tronçon ouest de la ligne rose».

«L’ouverture montrée par la Ville aura permis de dénouer une impasse […] On a réussi à trouver le moyen de financer [le projet de Québec], tout en gardant la priorité sur les enjeux de transport collectif à Montréal», a déclaré mercredi en conférence de presse à l’hôtel de ville de Montréal le président du Conseil du trésor, Christian Dubé. 

La Ville a accepté de léguer une somme de 800 M$ du fonds fédéral dédié aux projets de transport en commun qui revient à la Société de transport de Montréal (STM) afin de compléter le financement du projet de réseau structurant de Québec, qui comprend un tramway.

En échange de cette réallocation, le gouvernement Legault financera à la même hauteur trois projets de la STM qui seront ajoutés à la prochaine mouture du Plan québécois des infrastructures (PQI) pour la période couvrant de 2020 à 2030. La STM pourra ainsi construire un nouveau centre d’attachement dans le secteur nord-ouest de la ligne bleue du métro et améliorer le système de contrôle des trains sur cette ligne, qui sera prolongée jusqu’à Anjou d’ici 2026. Des portes palières seront par ailleurs installées sur les quais de certaine stations de métro dans le cadre d’un projet pilote que cette contribution financière de Québec permettra de concrétiser.

«Nous savons que 50% de nos incidents [dans le réseau du métro] sont causés par les comportements des usagers, que ce soit de laisser tomber des choses sur les rails, de marcher dans les tunnels et des cas de suicide parfois. Donc, avec les portes palières, nous pouvons éliminer une grande partie de ces événements», a souligné le président de la STM, Philippe Schnobb, en marge de la conférence de presse. 

Ce dernier s’est d’ailleurs dit satisfait que la STM «ne perde pas au change» avec cette entente, qui lui permettra de recevoir autant d’argent que prévu pour ses projets.

Tramway d’est en ouest
Le gouvernement du Québec s’engage par ailleurs à inscrire à son PQI l’étude de la création d’une ligne de tramway entre le centre-ville et Lachine, qui représentera le «tronçon ouest» du projet de «ligne rose», une promesse électorale de Projet Montréal, qui prévoyait à l’origine de relier Montréal-Nord à Lachine par le biais d’une ligne de métro diagonale.

«Nous avons réussi à passer d’une situation où un projet de tramway était menacé, celui de Québec, à deux projets de tramway qui vont se réaliser, un à Québec et un à Montréal», a lancé tout sourire la mairesse de Montréal, qui s’est dite «très fière» de cette annonce. 

Aucun investissement ni échéancier pour cette éventuelle ligne de tramway, qui serait reliée à celle envisagée sur l’axe de la rue Notre-Dame vers l’est de l’île de Montréal, n’ont toutefois été annoncés mercredi.

«L’engagement que nous avons pris, c’est que ces projets-là seront inscrits immédiatement et vont suivre les étapes des projets de grand envergure d’étude et d’évaluation. L’engagement que l’on prend, c’est de les faire le plus rapidement possible», a indiqué M. Dubé au sujet de ces deux projets. 

Alors que d’éventuels prolongements du Réseau express métropolitain sont actuellement à l’étude, la ministre déléguée aux transports et responsable de la région métropolitaine, Chantal Rouleau, n’a par ailleurs pu confirmer que le tramway sera le mode de transport lourd qui sera sélectionné au final pour relier Montréal d’est en ouest.

«Ce n’est pas une question de couleur ou de technologie, mais de bien desservir les Montréalais et de répondre à leurs besoins.» -Chantal Rouleau 

Appelé à réagir, le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez, a déploré que le projet de la ligne rose du métro, actuellement étudié par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), soit «complètement différent de ce qui a été promis en campagne électorale».

«Le but ultime de la ligne rose de la mairesse, c’était le désengorgement de la ligne orange. Or, elle ne fait rien pour ça», a-t-il lancé. 

L’ARTM a pour sa part confirmé par courriel que l’annonce de ce nouveau projet de ligne de tramway n’aura pas d’impacts sur les études de différents projets de transport en commun que l’organisation mènent actuellement.

Négociations ardues
Le financement du projet de tramway de Québec, qui s’élève à 3,3 G$, était dans l’impasse depuis plusieurs mois. Ottawa n’avait prévu que 400 M$ pour le transport collectif dans la Vieille Capitale, soit 800 M$ de moins que la somme de 1,2 G$ attendue de la part du gouvernement fédéral pour concrétiser le projet du maire Régis Labeaume.

La pression était alors retombée sur les épaules de Montréal, à qui revient la part du lion du montant de 5,2 G$ prévu sur 10 ans par Ottawa pour le financement du transport collectif dans la province, une somme qui est répartie en fonction de l’achalandage. Le gouvernement Legault a ainsi tenté à maintes reprises de convaincre la métropole de se délaisser d’une partie des sommes dédiées à la STM dans ce programme fédéral afin de pouvoir boucler le financement du réseau structurant de Québec.

«On ne s’attendait pas à une aussi bonne entente.» -Christian Dubé

Le maire de Québec, Régis Labeaume, qui n’a pu prendre part à l’annonce mercredi, a salué «l’excellente négociatrice qu’a été Valérie Plante» dans cette affaire.

«C’est un pas dans la bonne direction et cela permet de régler une étape importante dans la répartition des fonds de l’enveloppe fédérale pour le financement du transport en commun au Québec», a-t-il déclaré par voie de communiqué.

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