Montréal aura son wet shelter au printemps prochain dans le cadre d’un projet pilote, a appris Métro. Ce centre de consommation contrôlée visera à aider les personnes itinérantes à combattre leur dépendance à l’alcool.
Depuis plusieurs années, des organismes demandent à Montréal d’emboîter le pas à Ottawa, Toronto et Vancouver en mettant un place un service de refuge pour itinérants qui autorisera la consommation d’alcool. Un tel établissement permet aux personnes alcooliques de combattre leur dépendance en recevant une quantité contrôlée d’alcool sur place.
La possibilité d’aménager un tel endroit – communément appelé «wet shelter» – est étudiée depuis quelque temps par le CIUSSS Centre-Sud. L’an dernier, la mairesse Valérie Plante promettait un wet shelter en 2019 ou en 2020.
«Cette étude est dans son dernier droit, indique à Métro la directrice adjointe aux partenariats au CIUSSS Centre-Sud, Julie Grenier. On envisage de tenir un projet pilote dans les prochains mois.»
Le CIUSSS Centre-Sud ignore toutefois quel lieu sera choisi pour tenir ce projet pilote. La date précise du déclenchement de celui-ci demeure également inconnue.
«Ça doit se faire dans un contexte très adapté à nos populations [itinérantes]», précise Mme Grenier.
Exclus des refuges
Dans le cadre d’une étude, la Mission Old Brewery a analysé l’ensemble des données d’achalandage de l’unité de débordement de 80 lits qui a été mise en place l’hiver dernier dans un pavillon de l’hôpital Royal Victoria. Celle-ci vise à accueillir les personnes ne pouvant trouver refuge dans les ressources existantes les soirs de tempêtes hivernales. Cette unité a d’ailleurs hébergé près de 1600 personnes entre la mi-janvier et la mi-avril.
«Ce qu’on a constaté, c’est qu’il y avait un grand nombre de personnes qui étaient là, non pas parce qu’il manque de lits dans les refuges, mais parce qu’elles ne peuvent pas entrer dans ces ressources», soulève le président-directeur général de l’organisme, Matthew Pearce.
L’étude souligne ainsi l’absence de corrélation entre la fréquentation de cette unité et la baisse de la température l’hiver dernier. Le document note également que plus de la moitié des personnes consultées «se déclarent alcooliques».
«Ce sont des gens qui n’ont souvent pas accès aux services en place», a expliqué Hannah Brais, coordonnatrice de la recherche à la Mission Old Brewery. Les refuges en place à Montréal refusent généralement l’entrée aux personnes alcooliques, qui ne peuvent consommer cette substance à l’intérieur des murs de ces lieux.
«Pour eux, c’est un besoin physique d’avoir de l’alcool dans leur système», rappelle l’auteure de cette étude.
«Si on veut contrer l’itinérance chronique dans notre société, une résidence de consommation contrôlée est une partie essentielle de ce casse-tête.» -Matthew Pearce, président-directeur général de la Mission Old Brewery
Dès le mois de décembre
Cette année, l’unité de débordement de l’ancien hôpital Royal Victoria ouvrira ses portes dès le premier décembre. Le service sera donc offert un mois et demi plus tôt que l’an dernier.
«Cet hiver, on reconduit le projet de l’unité de débordement avec le même seuil d’accessibilité», précise Mme Grenier. Cette ressource sera dédiée à tous, peu importe leur genre. Une centaine d’animaux de compagnie ont par ailleurs été accueillis l’an dernier.
M. Pearce déplore toutefois qu’aucun service psychosocial ne soit offert dans cette unité. Une option qui n’est actuellement pas envisagée par le réseau de la santé.
«On travaille à faire en sorte qu’on puisse le plus possible rediriger les personnes itinérantes vers les bonnes ressources pour les sortir de la rue», affirme Mme Grenier.
L’an dernier, le taux d’occupation moyen de l’unité de débordement a été de 81%.
«Quand on voit les résultats, on voit que cette unité de débordement n’était pas un luxe, mais une nécessité.» -Julie Grenier, directrice adjointe aux partenariats au CIUSSS Centre-Sud