À quelques jours du scrutin fédéral, des organismes déplorent que l’enjeu de la lutte à l’itinérance ait été éclipsé de la campagne électorale en cours alors qu’il s’agit d’un «problème majeur».
Plusieurs centaines de Montréalais devraient prendre part, ce soir, à la 30e Nuit des sans-abri. Dès 17h, les manifestants se ressembleront devant la station de métro Joliette. Ils marcheront ensuite jusqu’à la place publique située en face du Marché Maisonneuve, où ils tiendront une vigie jusqu’à 1h du matin.
L’événement, qui aura lieu simultanément dans 35 villes de la province, se tient cette année à quelques jours du scrutin fédéral. Les organismes communautaires entendent donc profiter du moment pour demander aux partis politiques en lice plus d’engagements dans la lutte contre l’itinérance.
«Les enjeux sociaux ont été peu abordés. On a plus eu droit à des attaques ciblées entre les partis», déplore à Métro la directrice générale de L’Anonyme et co-porte-parole de la Nuit des sans-abri, Sylvie Boivin. Cette dernière faisait ainsi référence aux trois débats des chefs qui ont eu lieu dans les dernières semaines.
Les promesses électorales qui concernent les personnes itinérantes sont d’ailleurs assez rares dans les plateformes électorales des principaux partis politiques.
«Il n’y a rien qui nous a convaincu qu’un des partis serait en en mesure de répondre aux besoins sociaux des itinérants», constate Mme Boivin.
«À la grandeur du pays, l’itinérance est un problème majeur et ça a été peu abordé.» -Pierre Gaudreau, directeur du Réseau d’aide aux personnes seule et itinérantes de Montréal
Plus d’investissements
Les deux organismes demandent au prochain gouvernement fédéral d’investir davantage dans les fonds dédiés à la lutte à l’itinérance.
Au total, le gouvernement de Justin Trudeau s’est engagé à investir 2,2 G$ sur 10 ans à cet effet. Ottawa entend ainsi réduire de 50% l’itinérance chronique à l’échelle du pays d’ici 2028.
«On demande au moins 50 M$ par année [de plus] dès l’an prochain pour des projets en itinérance au Québec», indique M. Gaudreau.
Ce dernier demande par ailleurs à Ottawa d’augmenter les prestations d’aide sociale aux personnes âgées, dont la situation financière est particulièrement vulnérable.
Logements sociaux
Les deux organismes réclament par ailleurs plus d’investissements dans la construction de logements sociaux, notamment afin de contrer les impacts du resserrement du marché locatif sur les Montréalais à faible revenu.
Selon Mme Boivin, les sommes octroyées devraient tenir compte de «la situation réelle du marché» dans la métropole, où la valeur des terrains augmente rapidement.
Selon le dernier recensement québécois des personnes itinérantes, le nombre de sans-abri est passé de 3016 à 3150 à Montréal entre 2015 et 2018.
Des logements «abordables»
Dans son dernier budget, le gouvernement libéral a promis d’investir d’investir 40 G$ sur 10 ans pour construire 100 000 logements abordables. Or, plusieurs organismes soulèvent que la définition de ce type de logement est floue.
«Je peux trouver qu’un logement [avec un loyer mensuel] de 1000$ est très abordable, mais ce ne sera pas le cas pour quelqu’un d’autre», illustre Mme Boivin.
Le Nouveau parti démocratique s’est quant à lui engagé à investir 5 G$ sur 10 ans pour construire 500 000 logements sociaux et abordables. Le Parti vert et le Bloc québécois ont également des engagements en ce sens.
Les plateformes du Parti conservateur et du Parti populaire ne font pour leur part pas mention de fonds pour la construction de logements sociaux.