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Crise du logement: davantage de personnes à la rue le 1er juillet?

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Photo: Archives Métro

Chaque année, le premier juillet fait craindre une hausse du nombre de personnes en situation d’itinérance aux organismes qui leur viennent en aide à Montréal. La situation pourrait toutefois être encore plus problématique cette année en raison de la «crise du logement» que vit actuellement la métropole, préviennent-ils.

«La crainte est plus grande cette année. Chaque fois que la situation se détériore, ça augmente le potentiel que les gens se retrouvent à la rue. Il semblerait que ça se dégrade chaque année», a déclaré à Métro le président-directeur général de la Mission Old Brewery, Matthew Pearce. 

Le taux d’inoccupation des logements se situe à environ 1,9% à Montréal actuellement alors que 3% des logements devraient être disponibles pour que le seuil d’équilibre du marché locatif soit atteint. Cette situation, qui entraîne une hausse du prix des loyers, rend encore plus difficile la quête d’un logement décent et abordable pour les personnes en situation de précarité.

«On a beaucoup d’appels de gens désespérés qui nous appellent pour demander de l’aide pour trouver un toit. La crainte, c’est que le premier juillet, il y ait des personnes [qui possédaient un appartement] qui se retrouvent sans logis», a signalé le directeur du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Pierre Gaudreau.

Ce dernier déplore d’ailleurs que des propriétaires, profitant de la forte demande pour leurs logements, font preuve d’«énormément de discrimination dans leurs annonces» en ligne, ce qui rend encore plus difficile la quête d’un logement, notamment pour les personnes à faible revenu.

«Ce qu’on ne veut pas, c’est de créer des itinérants quand on devrait être capables de reloger tout le monde sans avoir recours à des ressources d’urgence.» -François Boissy, président-directeur général de la Maison du Père

Selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain, un peu plus de 100 ménages à Montréal qui comptent déménager le premier juillet n’ont toujours pas trouver un autre logement.

Mesures d’urgence
Interpellé par Métro, le porte-parole administratif de la Ville de Montréal, Philippe Sabourin, a assuré que la situation était sous contrôle.

«Le marché se resserre, particulièrement pour les grands logements […] C’est possible qu’à l’ultime, le premier juillet, il y ait des personnes qui n’aient pas signé de baux, mais à ce moment-là, on aura une réponse appropriée à la situation», a assuré M. Sabourin, ajoutant que les Montréalais en quête d’un logement peuvent contacter l’Office municipale d’habitation de Montréal (OMHM), qui offre des ressources d’accompagnement à cet effet. 

Bien que la situation actuelle ne soit «pas comparable» à la crise du logement du début des années 2000, M. Sabourin a précisé que des ressources d’hébergement temporaires seront déployés au besoin le premier juillet.

«On a la marge de manoeuvre pour accompagner ces gens-là jusqu’à ce qu’ils aient une habitation permanente», a affirmé M. Sabourin, ajoutant que «personne ne se retrouvera à la rue le premier juillet». 

Actuellement, 39 ménages montréalais bénéficient de la «démarche d’accompagnement» vers un logement de l’OMHM en prévision du premier juillet, a par ailleurs indiqué Philippe Sabourin.

«Ce n’est pas en niant le tout que le problème va s’en aller de lui-même […] Pour se sortir d’une crise, il faut reconnaître qu’il y en a une.» -Benoît Langevin, porte-parole d’Ensemble Montréal en matière d’itinérance.

Des promesses
L’an dernier, la Ville de Montréal a dévoilé un ambitieux plan d’action de lutte contre l’itinérance de près de 8 M$ qui prévoit notamment la construction d’ici 2021 de 950 unités de logement réservées aux personnes itinérantes ou à risque de le devenir. Un engagement qui tarde à prendre forme, selon les organismes consultés.

«Quand on fait une promesse, il faut la livrer. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des promesses risquent de ne pas être atteintes», a laissé tomber Matthew Pearce. 

L’administration Plante, qui a par ailleurs promis d’aménager 12 000 logements sociaux et abordables d’ici la fin de son premier mandat, doit «aller au front pour obtenir plus de fonds» de la part de Québec et d’Ottawa, réclame pour sa part M. Gaudreau.

«Valérie Plante doit reconnaître qu’il y a une crise permanente du logement et réclamer plus de fonds provinciaux et fédéraux pour la construction de logements sociaux», a-t-il dit.

 

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