Des organismes pressent l’administration de Valérie Plante de tenir sa promesse électorale de bannir l’utilisation des balles de plastique par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). La Ville assure que cet engagement tient toujours.
Les balles de plastique sont principalement utilisées comme arme intermédiaire pendant des manifestations afin de contrôler certains individus violents dans une foule.
L’an dernier, la Ville a assuré que cette promesse était toujours dans les cartons. Une consultation a eu lieu en avril 2018 au sujet de l’usage des armes intermédiaires par le SPVM. Cette catégorie comprend les balles de plastique. Or, malgré ces démarches, l’administration de Projet Montréal tarde à réclamer formellement au corps de police de cesser d’utiliser cette arme.
«Ce que l’administration Plante promettait, c’était de les interdire complètement. Pourtant, je n’ai jamais vu un déploiement du Groupe [tactique] d’intervention sans que quelqu’un n’ait un fusil de balles de plastique», déplore à Métro un des membres du collectif «Manifester sans peur», Jérémie Gauthier-Caron.
Ce dernier entend interpeller directement la mairesse de Montréal le 18 novembre pendant la séance du conseil municipal.
Une première interdiction
En 2017, Francis Grenier, qui avait été blessé à un œil par une grenade assourdissante lors d’une manifestation étudiante en 2012, a obtenu gain de cause dans une poursuite contre la Ville. Le SPVM a ensuite décidé de retirer définitivement les grenades assourdissantes de son arsenal d’armes intermédiaires.
Le collectif demande maintenant que cette interdiction soit élargie aux balles de plastique, qui ont blessé plusieurs manifestants dans la province au cours des dernières années.
«On souhaite toujours se pencher sur la question», a assuré à Métro l’attachée de presse du comité exécutif, Laurence Houde-Roy. Cette dernière n’a toutefois pu fournir de détails en ce qui a trait à l’échéancier qu’entend se fixer la Ville pour réaliser cette promesse.
Agir «immédiatement»
Selon un rapport de l’École nationale de police du Québec publiée en 2017, l’ampleur des blessures que les balles de plastique peuvent causer varie en fonction de la distance et de la partie du corps atteinte. Ce document mentionne, entre autres, qu’une balle atteignant la tête ou le cou peut causer une commotion cérébrale.
«On présente ça comme une arme non létale alors qu’il y a de plus en plus de décès qui démontrent le contraire», affirme quant à lui le porte-parole de la Coalition contre la répression et les abus policiers, Alexandre Popovic.
Ce dernier a notamment rappelé le cas de Bony Jean-Pierre. L’homme de 46 ans est mort en 2016 de ses blessures après avoir été touché à la tête par une balle de plastique lors d’une intervention à Montréal-Nord visant le trafic de stupéfiants.
«On ne comprend pas pourquoi ça prend autant de temps à la mairesse d’appliquer cette promesse alors que ce serait assez simple à faire», lance à Métro Will Prosper, un ancien policier devenu documentariste et militant.
Une arme moins dangereuse
En 2018, le SPVM a utilisé à 15 reprises une arme intermédiaire d’impact à projectile, selon le dernier rapport annuel du corps de police.
Par courriel, le SPVM précise toutefois à Métro que l’arme en question utilise des «cartouches de gel» qui sont «nettement moins puissantes à l’impact» que les balles de plastique conventionnelles.
«Lorsqu’utilisées, les cartouches de gel le sont en fonction du modèle québécois en emploi de la force sur un individu en particulier qui commet ou est sur le point de commettre une agression physique grave envers un citoyen ou un policier», précise le corps de police.