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L’interdiction des balles de plastique toujours dans les cartons, assure la Ville

Photo: Félix O.J. Fournier/Métro Média

Les élus de Projet Montréal n’ont pas l’intention de renier leur promesse d’interdire l’utilisation des balles de plastique par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Toutefois, les discussions avec les policiers à ce sujet n’ont pas encore commencé.

«Avec les turbulences et l’administration provisoire au SPVM, on n’a pas encore eu le temps de se pencher sérieusement sur la question, mais notre volonté est claire. En campagne électorale, on s’était engagé à interdire les balles de plastique en tout temps», a rappelé jeudi la responsable de la sécurité au sein du comité exécutif de la Ville de Montréal, Nathalie Goulet, dans une entrevue avec Métro.

Dans la foulée de la diffusion d’une vidéo de l’intervention policière qui a coûté la vie à Pierre Coriolan, en juin 2017, le militant et ancien policier, Will Prosper, a interpelé l’administration Plante sur cet enjeu. «Il faut retirer carrément et une fois pour toutes ces balles de plastique. La Ville de Montréal doit mettre en place immédiatement un moratoire. Les policiers utilisent cette technique en pensant que ce n’est pas mortel et pas dangereux», a-t-il soutenu.

M. Coriolan a été atteint par balle de plastique, mais également par de vraies balles et des décharges de pistolet électrique. Sa famille a déposé une poursuite de 163 000$ contre la Ville mercredi.

Mme Goulet a jugé qu’il est «trop tôt» pour décréter un moratoire, mais que cela sera «envisagé». Elle compte d’ailleurs en faire le sujet d’une audience publique de la Commission sur la sécurité publique.

«On avance aussi vite que possible. Il y a une panoplie d’armes intermédiaires qui sont potentiellement problématiques. Il va falloir traiter la question plus largement que seulement les balles de plastique.» – Nathalie Goulet, responsable de la sécurité au sein du comité exécutif de la Ville de Montréal

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a pour sa part indiqué qu’elle prendrait «le temps de regarder» le dossier, tout en assurant que Projet Montréal «ne change pas du jour au lendemain de position».

M. Prosper croit qu’après le décès de Bony Jean-Pierre, touché à la tête par une balle de plastique en mars 2016, la Ville aurait déjà dû réévaluer l’utilisation de ces armes, et qu’il y a urgence d’agir. «Mme Plante a vu cette vidéo [de Pierre Coriolan], tout comme beaucoup de gens. Si une nouvelle personne est blessée ou est tuée, ce sera de sa responsabilité. Elle est au courant des dangers, elle doit agir», a-t-il plaidé, ajoutant que la Ville doit «envoyer un message fort».

Le chef intérimaire du SPVM, Martin Prud’homme, est également le grand patron de la Sûreté du Québec (SQ). Entre 2010 et 2016, ces deux corps policiers sont responsables respectivement de 79% et 16% des tirs d’armes intermédiaires d’impact à projectile, selon des données du ministère de la Sécurité publique.

Questionnée à savoir si elle ne pouvait pas profiter de la situation pour sensibiliser également le patron de la SQ, Mme Goulet a dit qu’elle le ferait «certainement». «On verra ce que M. Prud’homme pourra faire quand il va retourner à la SQ», a-t-elle nuancé.

Métro a voulu savoir si le SPVM avait initié une réflexion sur les armes intermédiaires. Au moment de mettre en ligne, personne n’avait rappelé.

La pression sur l’administration municipale s’est accentuée au cours des derniers jours, alors que le collectif Manifester sans peur a réclamé l’interdiction de l’utilisation des balles de plastique, mais aussi des autres projectiles explosifs pour le contrôle de foule.

En novembre, la Ville de Montréal a été ordonnée à verser 170 000$ en dommages à Francis Grenier, un manifestant blessé en 2012 par une grenade assourdissante qui est également membre du collectif.

Dans le cas de Bony Jean-Pierre, la famille réclame 250 000$ à la Ville et des accusations criminelles ont été déposées contre le policier en cause.

Avec Romain Schué

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