Montréal

La consommation d’alcool et de drogues recule chez les jeunes de Montréal

Du cannabis

La consommation d’alcool et de drogues par les jeunes du secondaire a fortement régressé dans les dernières années à Montréal, constate une étude menée par la Direction régionale de la santé publique (DRSP). Des intervenants du système de santé publique évoquent une bien meilleure prévention dans les écoles de la métropole.

Des chercheurs de la DRSP de Montréal ont analysé les données des deux éditions disponibles de l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS), un recensement des élèves québécois mené en 2010-11, puis en 2016-2017. À Montréal, le déclin de la consommation est notable.

Alors qu’en 2010-2011, un cinquième (20%) des jeunes du secondaire affirmaient prendre de la drogue, ils n’étaient plus que 16% en 2016-17. Le cannabis demeure la drogue la plus utilisée.

Action, prévention

Ce sont les gestes de prévention en particulier qui pourraient avoir joué le rôle phare dans cette tendance, selon l’agente de recherche à la DRSP de Montréal Natalia Gutierrez.

«On pense que l’accent qui a été mis sur la prévention dans les dernières années par de nombreux acteurs y a contribué», constate-t-elle au bout du fil.

L’expert en toxicomanie Jean-Sébastien Fallu évoque également une «meilleure prévention». «C’en est une qui est beaucoup plus basée sur les données que sur la peur et la morale. Ça facilite l’atteinte des objectifs», avance le professeur agrégé à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal (UDEM).

Dans le milieu communautaire, on évoque des pas de géants. Il y a toutefois toujours place à amélioration, selon la directrice générale du Centre québécois de lutte aux dépendances (CQLD), Anne Elizabeth Lapointe.

«Ce n’est pas tout le monde dans une école qui est expert en toxicomanie. C’est là que la part des organismes communautaires est très importante.» – Anne Elizabeth Lapointe

Des trous?

Mme Lapointe – aussi en charge de la Maison Jean Lapointe – se dit satisfaite de l’importance qu’a prise le système préventif au Québec. «C’est sûr que les écoles sont de plus en plus conscientes de l’importance de prévenir, précise-t-elle. Quand on a commencé, bien souvent, elles nous disaient: nous, on n’a pas de problème de consommation.»

Malgré le déclin des drogues, il y a un «éléphant dans la pièce»: la présence importante de l’alcool chez les jeunes. Les données compilées de l’EQSJS révèlent une consommation d’alcool à la hauteur de 13% dès la première année du secondaire.

«On est une société qui aime boire et qui encourage la consommation d’alcool, cachée derrière des messages de modération. Pour moi, même si la statistique diminue, ça nous dit que les parents ont aussi un rôle à jouer», observe-t-elle.

«Tomber entre deux chaises»

Jean-Sébastien Fallu invite d’ailleurs les acteurs du milieu, dont le gouvernement, à s’attaquer au problème des consommateurs en voie d’être actifs.

«La prévention pour certains, c’est prévenir l’usage. Il y a des jeunes qui consomment, qui n’ont pas un usage problématique. Souvent, ils sont un peu laissés pour compte», affirme le professeur.

La DRSP de Montréal sépare les jeunes interrogés en trois sections. Ce sont les élèves «présentant une problématique en émergence» qu’on oublie trop souvent, croit M. Fallu. Ceux qu’on décrit comme faisant partie de la portion «feu jaune» de la population scolaire montréalaise représenteraient environ 2% du total.

«Ces jeunes tombent entre deux chaises», ajoute Anne Elizabeth Lapointe.

«Ça fait des années qu’on dit au gouvernement de financer nos programmes, qu’on a déjà développés, poursuit-elle. Mais les milieux de la santé et de l’éducation se lancent la balle en se disant: qui va le faire?»

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