Dans son point de presse quotidien, mercredi, le premier ministre François Legault a demandé aux propriétaires d’immeubles à logements d’être «compréhensifs» à l’égard de leurs locataires. Plusieurs ne pourront rencontrer leurs obligations le 1er avril, pour le paiement du loyer mensuel.
Les travailleurs ayant perdu leur emploi ou qui sont confinés en raison de la COVID-19 recevront leur premier chèque d’aide gouvernementale le 6 avril, pas avant. «Chacun doit être responsable et faire son possible», affirme Peter Sergakis, qui a bâti un empire immobilier de quelque 4000 logements principalement situés dans le Sud-Ouest.
Il souhaite toutefois que les locataires l’avertissent en cas de difficulté de paiement. «Si ton loyer est de 800$ et que tu peux payer 400$ le 1er avril, dites-le. C’est mieux que de ne pas payer pantoute», dit-il.
C’est que l’homme d’affaires de 73 ans a aussi des responsabilités. «Le problème, dit-il, c’est que les banques nous disent qu’il faut payer les hypothèques.»
Cas par cas
Même son de cloche à l’Association des propriétaires du Québec (APQ). «Pour les propriétaires de résidences, on a proposé des mesures d’allègement concernant les hypothèques, mais pour les propriétaires d’immeubles à revenus, c’est beaucoup plus compliqué. C’est du cas par cas auprès des banques», indique le président, Martin Messier.
Chaque jour, il reçoit des appels de membres inquiets et anxieux. «Un couple qui possède un quadruplex vient de perdre leurs emplois en même temps que leurs locataires, confie-t-il. Tous se demandent comment ils vont pouvoir s’en sortir. C’est très stressant.»
La propriétaire d’un duplex à Ville Saint-Pierre a reçu un appel de sa locataire qui revenait d’un voyage à l’étranger en demandant de reporter son paiement du 1er avril. «Les annonces d’aides gouvernementales, ça influence aussi les abuseurs», soutient-elle sous le couvert de l’anonymat.
Un point de vue que partage M. Sergakis. «Personne ne doit profiter de cette situation pour ne pas payer son loyer», tranche-t-il.
En l’absence d’un coussin financier, l’idéal est de prendre une entente avec son propriétaire. «Actuellement, les locataires mal pris ne peuvent pas être mis à la rue étant donné que la Régie du logement est en pause», explique Sébastien Laliberté, organisateur communautaire du Regroupement Information Logement (RIL).
Il espère que les grandes banques canadiennes se montreront tolérantes pour les prochains six mois, ce qui aura nécessairement un effet domino. «Si elles peuvent faire preuve de souplesse envers les propriétaires, ces derniers vont pouvoir en accorder à leurs locataires», suggère-t-il.
Ottawa est en négociation pour permettre une marge de manœuvre aux grandes banques. Mais celles-ci estiment que les clients devraient communiquer avec leurs institutions pour discuter des options possibles.
«Chaque situation est unique et les banques sont prêtes à aider au cas par cas», a fait valoir , par courriel Mathieu Labrèche, directeur, stratégie médiatique, de l’Association des banquiers canadiens qui regroupe 60 banques au pays.
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