Aucun projet n’a été soumis dans le cadre du chantier de revitalisation de l’Est de Montréal financé par le gouvernement du Québec, qui a comme principal objectif la décontamination de sols. Afin de stimuler la soumission de projets, la Ville a modifié son règlement.
Une enveloppe de 100 M$ avait été octroyée par Québec à la Ville de Montréal en décembre 2019. Les fonds sont destinés aux secteurs publics et privés de la zone industrielle de la Pointe-de-l’Île et l’Assomption-Sud-Longue-Pointe. Au départ, les arrondissements et organismes municipaux devaient eux-mêmes débourser les frais des travaux, pour se faire rembourser par la suite. Le nouveau règlement permettra dorénavant aux administrations locales de recevoir les sommes avant le début des travaux.
Cependant, aucun projet n’a été soumis formellement à ce jour, indique Caroline Bourgeois, responsable du développement économique dans l’Est de Montréal au comité exécutif et mairesse de l’arrondissement de PAT-RDP.
Selon elle, le contexte économique explique en partie l’absence de soumission. «Il y avait une belle mobilisation du milieu de l’Est, on parlait déjà de ce qui allait arriver; le lendemain: la COVID. C’est sûr que ça a refroidi plusieurs acteurs économiques», indique-t-elle.
Ainsi, Mme Bourgeois espère que la mesure stimule les projets et «crée un effet d’entraînement».
Manque d’infrastructures
«C’est sûr que la pandémie a eu un impact sur Montréal-Est», reconnaît Robert Coutu, maire de Montréal-Est. Malgré tout, il croit qu’il ne s’agit pas de l’enjeu majeur dans le manque de soumissions de projets.
«On a un enjeu: une fois que les sols sont décontaminés, c’est beau. Une entreprise ou la ville veut s’installer? Pas d’eau, pas d’aqueduc! On a un enjeu d’infrastructures», indique le maire de Montréal-Est.
Un avis partagé par Caroline Bourgeois, qui considère le manque d’infrastructures comme «un problème majeur». Elle espère d’ailleurs que d’autres paliers du gouvernement puissent travailler de concert à régler la question.
Christine Fréchette, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, avait également soulevé le problème en octobre dernier.
«On a pour environ 45 millions de pieds carrés de terrains qui sont soit contaminés ou non connectés aux infrastructures municipales: les aqueducs, les égouts, les rues. Il y a d’immenses besoins d’investissements pour remettre à niveau ces terrains-là pour les rendre à nouveau actifs sur le plan économique», avait-elle affirmé lors d’une entrevue à Radio-Canada.
Besoin de plus de fonds dans l’Est
Si la nouvelle mesure de la Ville est saluée par Mme Bourgeois et M. Coutu, ces derniers notent que plus d’investissements seront nécessaires dans l’Est. «On sait que le 100 millions n’est pas suffisant», indique Caroline Bourgeois.
Pour M. Coutu, c’est presque un demi-milliard devrait être investi afin de décontaminer les terrains.
Dans son livre blanc intitulé Cap sur l’Est, la CCEM avait également soulevé les nombreux besoins d’investissements dans l’Est. D’une part, elle avait réclamé 200 millions pour la décontamination des sols à Ottawa.
De plus, la CCEM avait indiqué le besoin de prolonger le Réseau express métropolitain (REM) vers l’est pour améliorer la mobilité, et d’attirer des entreprises innovantes en bonifiant le programme québécois de congé fiscal pour les entreprises qui veulent investir dans l’est.
Le gouvernement provincial a promis un deuxième 100 millions pour le développement de l’Est. Pour M. Coutu, la mesure est vue d’un bon œil; toutefois, il indique qu’il ne se réjouira pas tant que la somme ne sera pas remise aux Villes.