Montréal

La STM ajoute 304 bus hybrides, sans bonifier son service

bus hybrides

Un bus hybride de la Société de transport de Montréal.

L’ajout progressif d’un peu plus de 300 bus hybrides dans la flotte de la Société de transport de Montréal survient alors que celle-ci ne peut bonifier son service en raison de la pandémie. Plusieurs élus déplorent un gaspillage de fonds publics. 

D’ici la fin de 2024, la STM fera l’acquisition de 830 bus hybrides auprès de Nova Bus dans le cadre d’un contrat conclu en 2018. Parmi ceux-ci, 526 serviront à remplacer des bus en fin de vie utile. Les 304 autres devaient initialement permettre à la STM d’augmenter sa flotte de 15% d’ici la fin de l’année en cours.

Des bus en trop

Plus de 40% de ces quelque 300 bus n’arriveront finalement qu’en 2021, comme le rapportait Métro en septembre. Dans un échange de courriels, mercredi, la STM a par ailleurs confirmé qu’elle maintiendra l’an prochain son offre de service par bus «au niveau de 2019». Elle se retrouvera ainsi avec beaucoup plus d’autobus que ce dont elle a besoin à la suite des conséquences de la pandémie.

«Ces nouveaux bus seront sur la route, ce qui nous permettra une gestion optimale de notre parc. En effet, nous pourrons utiliser les nouveaux bus afin de ménager les plus anciens. Ainsi, jusqu’à ce que nous augmentions le service, nous aurons un parc plus fiable, jeune et confortable pour notre clientèle», a affirme à Métro une porte-parole de la STM, Amélie Régis, en réaction à un article paru mardi dans The Gazette

Mardi, en conférence de presse, l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) a évoqué la possibilité que l’achalandage du transport collectif ne revienne au niveau de 2019 qu’en 2022, avant de recommencer à croître l’année suivante. C’est donc dire que la STM pourrait se retrouver avec plus de 300 bus excédentaires pendant au moins deux ans.

«C’est épouvantable, un tel gâchis de fonds publics, lance à Métro le chef d’Ensemble Montréal, Lionel Perez. Ce dernier presse ainsi la STM de «mettre en veilleuse toute nouvelle acquisition d’autobus pour tenir compte de la pandémie».

Faire face aux «situations d’urgence»

L’ARTM, qui est responsable de la planification du transport en commun dans le Grand Montréal, nie avoir approuvé que des centaines d’autobus se retrouvent stationnés inutilement pendant quelques années dans la métropole.

«Si l’ARTM a effectivement donné la consigne aux opérateurs d’offrir un niveau de service comparable à celui de 2019, nous n’avons pas ordonné à la STM de stationner ces autobus. La gestion du matériel roulant relève d’abord des sociétés de transport», souligne à Métro un porte-parole, Simon Charbonneau.

De son côté, le chargé de cours à l’UQAM et expert en planification des transports, Pierre Barrieau, note que l’excédent de bus dont disposera la STM pourra l’aider à faire face aux «situations d’urgence» qui pourraient entraîner une augmentation de l’utilisation du transport en commun.

«Si on devait fermer [l’autoroute] métropolitaine, d’avoir 200 autobus qui traînent, ce ne serait pas une mauvaise idée», illustre-t-il.

«Si la pandémie se règle rapidement et qu’il y a un retour de l’achalandage, c’est utile pour ça aussi.» -Pierre Barrieau, expert en planification des transports

Un enjeu de stationnement

Ces dernières années, la STM a multiplié les efforts pour se préparer à l’arrivée de ces nouveaux bus hybrides. Elle a notamment entrepris l’agrandissement de trois centres de transport existants de même que la construction du nouveau centre de transport Bellechasse. Celle-ci ne sera toutefois pas complétée avant 2022.

Entre-temps, la STM a donc décidé de louer un espace industriel situé à proximité du centre de transport Stinson, dans l’arrondissement de Saint-Laurent. Une situation qui survient alors même que l’organisme de transport devra réaliser des économies d’environ 276 M$ sur trois ans, à la demande de l’ARTM.

«Ils coupent dans leur budget alors qu’en même temps, ils dépensent de l’argent pour louer un espace industriel pour stationner des bus qui ne seront pas utilisés. C’est inacceptable pour les contribuables montréalais», lance le conseiller indépendant de Snowdon, Marvin Rotrand.

Pour M. Perez, la location de cet espace par la STM «prouve» que cette dernière «n’était pas prête à accueillir les 300 bus».

Au moment de mettre en ligne, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, n’avait pas commenté.

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