Une récente tentative d’évasion avortée relance la problématique de la sécurité à l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel, selon le syndicat qui représente ses employés.
Après les incidents comparables survenus en 2011 et en 2018, ce «plan de mutinerie» dans l’unité F2, dédiée aux adolescents à haut risque de comportements violents, dans lequel six personnes ont été impliquées, a été une occasion pour le Syndicat des employés de rappeler les mauvaises conditions de travail et également déplorer le «manquement important au protocole».
Lors de cette tentative d’évasion, le 22 avril, des armes improvisées et des courroies de fortune avaient été mises de côté en prévision d’une prise d’otage, selon Marie-Eve Desormeaux, présidente de la section locale 2960 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP).
«La dangerosité du travail à l’Institut est bien connue et fait les manchettes régulièrement. Afin de poursuivre sa mission vitale malgré tout, le personnel a besoin que tous les mécanismes de santé-sécurité soient appliqués adéquatement, que l’employeur collabore pleinement avec le syndicat et les employés et, surtout, que l’on retienne les leçons du passé», estime Mme Desormeaux.
Elle ajoute que la gestion de crise de l’Institut crée de l’inquiétude plutôt que «de calmer les esprits».
Dérogation au protocole décriée
Selon le syndicat, quatre jours après l’incident, une rencontre a eu lieu entre la direction et l’Association paritaire pour la santé et la sécurité du travail du secteur affaires sociales (ASSTSAS). Or, ce délai entre l’évènement et la rencontre contrevient aux protocoles qui avaient été mis en place à la suite des évènements de 2011, puis de 2018.
À cet effet, le lundi 26 avril, le syndicat a déposé une plainte à la CNESST au sujet de cette dérogation aux protocoles.
«Tout cela survient dans un contexte où, comme syndicat, nous constatons que nos membres perdent confiance en la capacité de l’employeur de les protéger, ce qui cause des démissions et alimente le cercle vicieux de la pénurie de personnel. Nous perdons notre expertise, c’est une véritable saignée. Nous craignons même de ne plus répondre adéquatement à notre mission d’institut surspécialisé», d’ajouter la présidente.
L’Institut Philippe-Pinel se défend
Puisque l’incident concerne des mineurs, l’Institut Philippe-Pinel n’a pas voulu commenter l’incident. Sa porte-parole précise que différentes actions de prévention ont été mises en place afin de gérer la situation tant pour la sécurité des patients que du personnel.
«Une évaluation clinique en collaboration avec la chef du département de psychiatrie a eu lieu le soir même du jour de l’événement et une démarche paritaire convenue avec le syndicat s’est déroulée avec l’ASSTSAS le 28 avril 2021», indique par courriel Marylou Bossé, conseillère-cadre en communication au niveau de cet établissement spécialisé.
Et d’ajouter qu’« une politique interne précise qu’une séance de verbalisation avec les employés peut être réalisée lorsqu’il y a un accident du travail».
« Celle-ci ne précise pas la nécessité de faire cette rencontre dans les 72h, mais le recommande afin d’être plus près des événements. Cependant, en ce qui concerne cet évènement particulier, il n’y a eu ni accident de travail ni demande de la part de l’équipe » précise-t-elle plus loin.
Indiquant, par ailleurs, que le programme de cet institut «s’adresse à une clientèle âgée de 14 à 18 ans ayant des troubles psychiatriques sévères associés à des comportements violents, y compris la délinquance sexuelle», Mme Bossé rassure que «les mesures de sécurité sont fiables et les équipes sont compétentes».
Le texte a été modifié depuis sa mise en ligne afin d’ajouter les explications de l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel.