Alors que les représentants de pays de tous les continents sont réunis à Montréal pour discuter de biodiversité, le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM) a invité la Secrétaire générale d’Amnistie internationale, Agnès Callamard, pour sensibiliser face à la tolérance envers les inégalités et les changements climatiques causant la mort de milliers de personnes.
D’emblée, la Secrétaire générale estime que la pandémie a permis de voir au grand jour les profondes inégalités qui divisent les différentes nations du monde.
« Nous avons été testés, et nous avons échoués avec la pandémie, affirme Agnès Callamard sans détour. Notre insensibilité face à la mort de milliers de personnes a révélé avec une brutalité sans pareil comment les mesures d’austérité de 2008 ont affaibli le système de santé public mondial, causant des morts qui auraient pu être évités, notamment les plus pauvres, alors que les plus riches s’enrichissaient à côté. »
Cette fragilité du système de santé est symptomatique d’une profonde inégalité de richesses qui, selon elle, découle de la mutation du monde au niveau politique où le nationalisme identitaire et les guerres, comme celles en Ukraine ou en Éthiopie, ont permis de reconnaître l’importance de la question des droits humains.
Il s’agit de forces historiques mondiales sans précédent qui stimule l’interdépendance de notre monde et qui exige une action collective. Le démantèlement du multilatéralisme politique a généré des violations des droits humains rappelant les années 1930 et a provoqué une instabilité que je caractérise de force 10 sur notre histoire humaine. C’est la structure internationale qui s’effondre, et avec elle la viabilité de notre planète.
Agnès Callamard, Secrétaire générale d’Amnistie internationale
«Les changements climatiques nous tuent déjà»
Après la question de la pandémie, Mme Callamard tenait à rappeler à l’auditoire que les changements climatiques sont déjà en train causer la mort de milliers de personnes, et ce dans une indifférence généralisée dans les pays riches.
«Les récits de celles et ceux qui sont en première ligne des changements climatiques sont unanimes: on parle d’insécurité alimentaire, de destruction du patrimoine culturelle, de déplacements forcés, et j’en passe. Notre réponse à la crise climatique est problématique puisque nous tolérons le travail des enfants pour les batteries électriques et les entreprises continuent à prendre des décisions comme si la vie des gens n’était pas en jeu. »
La Secrétaire générale a profité de son allocution pour parler de son passage à Pessamit et de la question autochtone, directement relié à celle du climat. «Je suis allée à Pessamit, et la hausse des températures ont grandement affectés leur mode de vie et ceux des caribous. Ils cherchent à apporter des réponses et nous ont présenté un plan très bien construit, mais il doit être adopté au Québec. C’est symptomatique du réchauffement climatique et de la pollution qui pourrait être évité et qui cause la mort, lente ou rapide. »
Devoir d’agir
En guise de conclusion, la Secrétaire générale d’Amnistie internationale tient à demeurer optimiste et encourage les gens à faire preuve de sensibilité envers le sort des victimes des changements climatiques et des inégalités.
«Nous pouvons, et nous devons, faire le pont vers une résistance renouvelée contre la perfidie de beaucoup trop de politiques, celles qui nous rendent tous complices de morts et de souffrances et qui nous pousse à accepter l’inexcusable. Nous pouvons, et nous devons, avoir une politique offensive par laquelle nous pouvons établir un nouveau leadership avec une vision audacieuse qui serait apte à protéger notre planète et les peuples dans un esprit de solidarité similaire à celui d’après 1945.»