Montréal

Logement social: Plante voulait quatre fois plus d’argent

Valérie Plante lors d'un point de presse à l'Hôtel de ville le 29 mars 2023.

Valérie Plante lors d'un point de presse à l'hôtel de ville le 29 mars 2023.

Valérie Plante espérait recevoir quatre fois plus d’argent de la part de Québec pour les projets de logements sociaux localisés à Montréal. Dans son budget, Québec lui a octroyé une enveloppe de 79 M$.

«On avait demandé 314 M$ pour réaliser les 12 projets, et ça, ça équivaut à peu près à 1000 unités. Le choix du gouvernement a été de nous donner 79 M$ pour réaliser cinq projets. Cette somme est loin d’être suffisante pour régler les unités en attente qui le sont depuis plusieurs années», a indiqué Mme Plante lors de la séance du comité exécutif, mercredi matin.

La mairesse déplore en outre le fait qu’il ne s’agit pas de «nouvel argent» de la part de Québec.

«Avec cette somme de 79 M$, il y a 264 logements en attente de construction qui vont pouvoir sortir de terre. Dans le programme AccèsLogis Québec, pour Montréal, il va rester donc sept projets. Ça équivaut à 834 logements à financer adéquatement. On nous donne une somme d’argent pour pouvoir s’occuper de logements qui sont en attente depuis un bout de temps, mais la somme est nettement insuffisante par rapport au nombre d’unités en attente qui doivent sortir de terre», avance-t-elle.

L’«écart se creuse»

La mairesse soutient par ailleurs que, depuis 2019, un «écart se creuse» au Québec alors que «très peu d’argent» serait investi dans de nouvelles unités. Elle souligne que, depuis 2019, seulement 200 nouvelles unités ont été financées en logement social alors qu’auparavant, le nombre de nouvelles unités par année se serait chiffré à presque 1000 par année.

«Je salue la volonté du gouvernement du Québec de vouloir régler ce qu’on appelle le backlog, c’est-à-dire les unités en attente. Je suis contente qu’il souhaite régler ce déficit-là, mais il faut qu’il y ait des sommes nécessaires pour vraiment le régler. On ne donne pas les moyens aux organismes de sortir les unités de terre. Si Québec veut que les unités en attente sortent de terre, il va falloir qu’ils allongent l’argent parce que là, c’est mission impossible pour les organismes», précise-t-elle.

Préalablement au budget provincial, l’administration Plante avait proposé au gouvernement du Québec de reprendre en charge les quelque 1098 unités de logement en attente au sein d’AccèsLogis Québec, une avenue qui n’a pas été acceptée par Québec.

Déçue, la mairesse Plante souhaiterait voir la province investir un minimum de 1500 nouvelles unités de logement social par année.

Le FRAPRU réagit

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), de son côté, trouve «extrêmement inquiétant» que le budget n’ait même pas prévu «toutes les sommes nécessaires pour que plus de 1000 logements attendus depuis longtemps à Montréal et déjà budgétés dans AccèsLogis puissent enfin se réaliser».

«Ça veut dire concrètement que des centaines de logements sociaux qui sont prêts à aller de l’avant seront encore retardés, peut-être même menacés. On commence à craindre que l’entièreté des logements que la CAQ avait promis de construire durant son premier mandat ne soient jamais réalisés. C’est inacceptable. Il y a des locataires qui vivent dans des conditions très précaires actuellement qui attendent ces logements depuis des années», a indiqué dans un courriel à Métro la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.

Pour elle, le gouvernement doit cesser de pointer tout le monde du doigt, car ce serait le sous-financement d’AccèsLogis qui serait responsable de la lenteur des projets à se réaliser.

«Ça fait cinq ans qu’on attend les améliorations au programme, notamment pour accélérer le développement. Vu l’urgence de la situation, le FRAPRU demande au ministre des Finances de bonifier immédiatement ses investissements en logement social et d’apporter les modifications promises à AccèsLogis pour que les projets attendus puissent lever de terre», ajoute-t-elle.

Québec réplique

Appelé à commenter les propos de la mairesse, le cabinet de la ministre de l’Habitation, France-Élaine Duranceau, a également réagi, mercredi après-midi.

«Les annonces du budget en habitation découlent d’un constat qu’on partage avec la Ville de Montréal: il y a des besoins dans le logement et il faut aider les Québécois. Toutefois, des besoins, il y en a partout au Québec et on investit 1 G$ pour couvrir différents besoins en habitation, aux quatre coins du Québec. Quand on est arrivé en poste, il y avait 15 000 logements abordables en attente d’être construits. Aujourd’hui, plus de 9000 sont construits ou sont en chantier. On se donne aussi les moyens de livrer le reste avec nos investissements», peut-on lire dans un courriel à Métro.

Le cabinet de la ministre fait par ailleurs remarquer que sur la somme de 1 G$ investie par Québec en habitation, une portion de 650,1 M$ sera investie pour réaliser 5250 logements sociaux et abordables. Outre les 191,5 M$ promis au programme AccèsLogis, un engagement de 303,6 M$ a été pris pour la construction de 1500 nouveaux logements abordables, dont 500 unités en collaboration avec le secteur privé.

Une somme de 45 M$ est prévue pour appuyer la création de 450 logements financés par l’Initiative pour la création rapide de logements alors que 5 M$ sont promis pour la mise en place d’un projet pilote pour l’acquisition et l’installation de 20 unités modulaires pour les besoins du milieu de la santé.

Enfin, un montant de 105 M$ doit être investi pour rénover le parc d’habitations à loyer modique, une somme qui sera appuyée par la contrepartie équivalente du gouvernement fédéral, comme prévu dans l’Entente Canada-Québec sur le logement.

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