Ce seraient près de 360 000 ménages du Grand Montréal, soit environ un ménage sur cinq, qui ne posséderaient pas un revenu suffisant pour payer leur loyer et les dépenses liées aux besoins essentiels, comme la nourriture, les vêtements et les déplacements. C’est ce que montre une analyse réalisée par l’organisme Centraide du Grand Montréal, et dévoilée lundi à l’occasion de la journée Agir ensemble pour le logement.
Pour obtenir ces données, Centraide du Grand Montréal s’est basé sur le revenu résiduel des foyers. Cet indicateur représente le revenu qu’il reste à un ménage après le paiement du loyer et des dépenses liées aux besoins de base. Il permet ainsi de donner un ordre de grandeur quant au poids du logement pour les ménages les plus vulnérables, et ce, annuellement.
L’idée, c’est de remonter la question du logement à un enjeu de société et à un enjeu où l’ensemble des gouvernements devrait avoir une réponse.
Claude Pinard, président-directeur général de Centraide du Grand Montréal
Selon le rapport de Centraide, près 360 000 ménages (19% de la population) sont donc dans le négatif quand ils finissent le mois. Ils sont par la suite contraints de revoir leur qualité de vie à la baisse et de se diriger vers des ressources communautaires.
Au total, le manque à gagner pour l’ensemble de ces ménages s’élèverait à 3,6 G$ chaque année, une somme qui pourrait être mieux évaluée avec davantage de données.
Le président-directeur général de Centraide du Grand Montréal, Claude Pinard, fait état d’un manque «flagrant» de données et souligne que celles-ci, lorsqu’elles sont disponibles, peuvent se retrouver «rapidement désuètes». Avec le revenu résiduel comme indicateur, l’organisme veut remettre l’humain au coeur des questionnements sur le logement, en mettant de l’avant les conséquences directes de la crise du logement sur les personnes vulnérables.
«Il faut travailler de façon systémique sur la cause du logement et la façon d’y arriver, c’est d’avoir les histoires [des personnes touchées], mais surtout d’avoir des données complètes. Avec les histoires et les données, nous serons capables d’avoir des changements systémiques», estime M. Pinard.
Dans le Grand Montréal, les loyers à 1150 $ par mois seraient particulièrement rares, tout comme les appartements de trois chambres et plus. Au cours des dernières années, les nouvelles constructions seraient venues augmenter l’offre en habitation, mais celles-ci sont surtout constituées de loyers parmi les plus dispendieux.
Accélérer la cadence du logement subventionné
La part actuelle de logements subventionnés s’élèverait à près de 5% dans la région du Grand Montréal. En moyenne, ce sont 1400 logements subventionnés qui y sont ajoutés chaque année. Cela place la région du Grand Montréal en dessous de la moyenne de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en pourcentage de logements subventionnés de l’OCDE.
Ce pourcentage de logements subventionnés s’élève à 4,9% pour le Grand Montréal, contre 6,9% pour l’OCDE. Selon Claude Pinard, il faudrait faire 3,6 fois plus de logements subventionnés pour atteindre le même niveau que celui de l’OCDE, bien qu’un tel niveau ne permettrait pas de résoudre entièrement la crise du logement.
«L’acteur numéro un dans le logement social, c’est le gouvernement, explique Claude Pinard. L’idée, c’est qu’il y ait une accélération, et ça prend le gouvernement autour de la table et il est autour de la table.»
Selon lui, il faudrait 190 ans pour offrir un logement subventionné aux 360 000 ménages ayant un revenu résiduel négatif si le rythme actuel est maintenu.
La journée Agir ensemble pour le logement a rassemblé plus de 400 acteurs de la société civile, dont les représentants des trois paliers gouvernementaux autour des conséquences de la crise du logement sur les populations les plus vulnérables.