Après quelques mois à opérer avec un prototype, quelques études et plusieurs essais, Fauve Doucet lance la première version officielle de Partage Club, une application mobile permettant le partage de biens entre voisins. Sa mission? Démocratiser le partage.
La version «beaucoup plus évoluée» de l’application Partage Club permet à un usager de choisir le rayon dans lequel il souhaite participer à des échanges moyennant un abonnement mensuel (les trois premiers mois étant gratuits). Il peut ensuite publier les objets qu’il accepte de prêter, ou lancer des demandes. Avec la première version de l’application, 85% des demandes étaient comblées en 12 heures, souligne Mme Doucet.
Surprise, «les gens sont beaucoup plus à l’aise de prêter. Dans notre société, on n’a pas beaucoup le réflexe d’emprunter. On se sent cheap, on se sent toujours gêné de demander», dit la fondatrice et présidente de Partage Club. C’est le comportement que souhaite modifier l’application: «ça devient correct de demander parce qu’on est tous sur l’application pour ça».
En travaillant en communication marketing, j’ai réalisé qu’on peut avoir le pouvoir d’influencer beaucoup de gens, et qu’on peut pousser les masses à changer de comportement. J’ai voulu avoir un impact positif sur la société.
Fauve Doucet, fondatrice et présidente de l’application Partage Club.
On a déjà réussi à démocratiser l’achat de biens usagers, le recyclage et la réutilisation, croit Fauve Doucet. «Mais là on est rendu à la prochaine étape: démocratiser le partage». Les aspects écologiques et économiques sont centraux à la mission de Partage Club. Évidemment, en partageant, on sauve de l’argent. «Juste sur une rue, à 500 mètres, il y a un projecteur, une perceuse et beaucoup de costumes d’Halloween», assure Mme Doucet.
Pour l’aspect écolo, le partage est la clef pour apprendre à pratiquer une consommation permettant de ne pas produire davantage et menant vers la décroissance soutenable, fait valoir la fondatrice et présidente de Club Partage.
Avec un groupe Facebook composé de citoyen établi un peu partout au Québec, elle a échangé, pris les commentaires et les recommandations concernant la «première version stable» de l’application, lancée en décembre dernier. Ces échanges ont été la clef du développement de l’application. Ils ont permis à la créatrice d’outrepasser ses biais et d’apprendre des usagers de l’application et développaient des réflexes qu’elle n’aurait pas devinés.
La confiance avant les assurances légales
Les contacts sociaux que créent l’application sont aussi précieux que ses attraits économiques et écologiques, croit Fauve Doucet. «Quand on achète sur Marketplace ou une autre plateforme, puisqu’il y a une transaction, on échange très peu avec l’autre personne, souligne la fondatrice. Si on prête ou qu’on emprunte, on prend un peu plus de temps pour connaître la personne, on prend le temps de jaser sur le pas de la porte».
Elle donne un exemple tiré de sa vie personnelle. Après avoir emprunté des verres à martini à un voisin avec qui elle partageait sa ruelle, Fauve Doucet s’est mise à mieux le connaître. Quelques semaines plus tard, elle lui prêtait sa voiture, et quelque mois plus tard, il gardait ses enfants.
N’ayant pas encore de système d’assurance associé à l’application, qui ne sert pas régulièrement pour des prêts ayant une grande valeur, Partage Club est basée sur un code d’honneur. L’emprunteur doit ramener l’objet dans le même état qu’il a été emprunté. Des tests seront mis en place d’ici la fin de l’année. «Selon une étude semi-dirigée effectuée auprès de 60 Québécois et Québécoises, on apprit que le développement d’assurance est important pour les usagers, mais pas obligatoire pour apprécier l’application.
C’est donc inévitable qu’un système d’assurance soit développé dans le futur, mais Mme Doucet aime que le système soit d’abord basé sur la confiance.
Les sous provenant des abonnements sont d’ailleurs investis dans le développement de l’application et dans ce système d’assurance. Une portion est aussi investie dans la communication faisant la promotion de la mission. Des universités et des entreprises ont aussi approché Mme Doucet dans le but de mettre sur pied un réseau de partage.
L’application est Québécoise, certes, mais peut être utilisée partout… à condition d’avoir un réseau. Ça prend seulement «une quinzaine de personnes», assure la présidente de Partage Club. À Montréal, ce sont les arrondissements du Plateau-Mont-Royal, du Sud-Ouest, d’Hochelaga-Maisonneuve et de Rosemont-la-Petite-Patrie qui ont le réseau le plus développé. Grâce à une version anglophone de l’application, des réseaux commencent aussi à se développer dans Notre-Dame-de-Grâce et dans Outremont.