Montréal

Des relationnistes et des lobbyistes contre la vérité

Avez-vous lu la plus récente étude sur les changements climatiques? En fait, c’est plutôt «une étude sur les études» sur les changements climatiques!

En effet, des chercheurs ont analysé des milliers d’articles publiés dans des revues scientifiques sur les changements climatiques pour savoir si les études soutenaient que l’homme était la cause de ce phénomène désastreux. Évidemment, la majorité des 12 000 études recensées sur les changements climatiques ne se prononcent pas sur cette question (puisqu’elles examinent un autre élément du phénomène). Parmi les 4 000 études qui s’avancent sur la question, 97 % d’entre elles affirment que la principale raison des changements climatiques est l’activité humaine.

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Ce consensus existe pourtant depuis la deuxième étude des Nations unies sur la question en 1995. Avions-nous donc vraiment besoin, 18 ans plus tard, d’une étude pour nous «prouver» qu’il existe bien un consensus scientifique? Malheureusement, il semble que oui. Les grandes pétrolières et leurs alliés ont dépensé tellement d’argent en relations publiques pour nous faire croire le contraire que les charlatans qui sèment le doute ont encore la cote (particulièrement en Amérique du Nord anglophone)! Plusieurs journalistes sont complices puisque, voulant montrer les deux cotés de la médaille, ils continuent d’inviter un scientifique de chaque camp à leurs débats comme si débat il y avait…

Évidemment, les pétrolières ont adopté une stratégie brillante de relations publiques calquées à 100 % sur celle des compagnies de tabacs des années 1970 et 1980. En niant la science, on retarde sans cesse la grogne du public et donc la réglementation gouvernementale. Il aura fallu des décennies pour que la vérité sur le tabac sorte au grand jour. Aujourd’hui, des États et des provinces poursuivent ces compagnies pour des milliards de dollars…

Les firmes de relationnistes des fabricants de tabac ont de nouveaux clients : les pétrolières qui, avec des projets de plus en plus polluants et risqués, en ont grand besoin. Au Canada, les sables bitumineux sont leur principal cheval de bataille. Ils pensaient  gagner facilement ayant mis nos élus fédéraux dans leurs poches. Ils avaient oublié les municipalités, les autochtones, les environnementalistes et les provinces!

Je parie que certains relationnistes et lobbyistes étaient plutôt inquiets la semaine passée lorsque la Colombie-Britannique a rejeté le controversé pipeline Northern Gateway. Ce n’est peut-être pas le dernier clou dans le cercueil de ce projet (c’est techniquement le fédéral qui décidera de son sort) mais sans l’accord de la province, il sera très difficile pour Enbridge, qui pilote ce projet, d’aller de l’avant.

Récemment, le Washington Post rapportait un commentaire du vice-président Joe Bidon à l’effet qu’il serait contre le projet Keystone XL, le pipeline de Transcanada, qui traverserait le continent de l’Alberta jusqu’au Golfe du Mexique. Rien de réjouissant pour ces pauvres lobbyistes de pétrolières qui n’avaient jamais eu à travailler si fort pour faire accepter un projet (sans succès pour l’instant).

Le pipeline fait présentement l’objet d’une évaluation environnementale par le ministère américain de l’Environnement (EPA) qui dure depuis un temps record. Le président Obama hésite à accepter le projet que les environnementalistes et une importante partie de sa base électorale considèrent comme son test sur les changements climatiques. Ils ont, en quelque sorte, tracé une ligne dans le sable et cette ligne se nomme Keystone XL. D’ailleurs, d’aucuns affirment que si l’approbation présidentielle leur était donnée, les livres d’histoires s’en souviendraient comme le «Pipeline Obama», ce qui n’est sans doute pas l’héritage politique que ce président progressiste souhaite laisser.

Est-ce un signe que les élus nord-américains se préoccupent de nouveau de l’environnement après une trop longue pause? Espérons-le! Chose certaine, tout ça va grandement accentuer le débat sur le pipeline de sables bitumineux au Québec (Enbridge et Transcanada en ont chacun un). Si le pétrole ne peut passer ni par l’ouest ni par le sud, il ne restera évidemment que l’est.

Parions que les relationnistes et lobbyistes des pétrolières mettront le paquet dans les prochains mois et années pour que leurs projets passent par chez nous.

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