La chroniqueuse du Journal de Montréal, Sophie Durocher, la Corporation Sun Media et le site web Canoë ont été condamnés à verser 10 000$ à Gesca pour atteinte à la réputation. Sun Media et Sophie Durocher entendent porter le verdict en appel.
La Cour supérieure a jugé que la chronique de Mme Durocher, intitulée Les copains d’abord, «porte atteinte à la réputation de Gesca et Radio-Canada».
Dans l’article litigieux, Sophie Durocher laissait entendre qu’il existait une entente secrète entre Radio-Canada et Gesca. «C’est comme deux amants qui continuent de nier qu’ils vivent une liaison torride… alors que toute la ville les a vus se prendre une chambre au motel», écrivait-elle.
Selon Mme Durocher, Radio-Canada aurait négocié les droits du débat des chefs, lors de la dernière élection fédérale, pour le site cyberpresse.ca.
«J’ai appris qu’un des représentants de Radio-Canada a demandé si la transmission du débat pouvait être DONNÉE à Cyberpresse, le site Internet des journaux de Gesca, affirmait Mme Durocher. Autrement dit, le représentant de Radio-Canada négociait au profit de Gesca, comme on le ferait pour aider un ami. Comme s’il était leur porte-parole auprès des autres diffuseurs.»
Le tribunal a noté que Gesca n’avait pas reçu de plainte à la suite de la publication de la chronique de Sophie Durocher. Il a toutefois soutenu, dans sa décision, que «ce n’est pas parce Gesca n’a reçu aucun commentaire négatif du public que l’on peut présumer que l’image de Gesca n’a pas été ternie, que son intégrité et indépendance n’ont pas été attaqués».
Gesca réclamait 75 000$ en dommages moraux. La Cour a finalement tranché pour une somme de 10 000$.
Sun Media et Canoë devront retirer l’article Les copains d’abord du site internet Canoë dans les 48 heures suivant jugement.
La Cour supérieure a également ordonné à la Corporation Sun Media de publier, le premier vendredi suivant la date à laquelle le jugement deviendra exécutoire, une rétractation en deuxième page de la section Arts et Spectacles.
Les excuses ont été dictées par le Tribunal et se lisent comme suit: «Dans un article paru le 17 juin 2011 sous la signature de notre journaliste Sophie Durocher, le Journal de Montréal a affirmé que la Société Radio-Canada a essayé, pour la part de Gesca Ltée, d’obtenir du consortium des télédiffuseurs du débat des chefs de la dernière campagne électorale fédérale le privilège de diffuser gratuitement ces débats sur le site Cyberpresse.ca, laissant l’impression que c’est Gesca Ltée qui avait investigué cette demande.
Il appert que cette affirmation qui mettait indûment en cause l’intégrité de Gesca, de La Presse et de Cyberpresse.ca était fausse. Le Journal de Montréal, Corporation Sun Media, Canoë.ca et Sophie Durocher s’excusent des inconvénients et préjudices causés par leurs propos.»
Le site Canoë doit pour sa part diffuser, dans les 48 heures du jugement, un hyperlien portant le titre Gesca: Sophie Durocher – Rétractation ordonnée judiciairement et menant au texte d’excuses précédemment cité.
Ce lien devra être visible en page d’accueil du site canoe.ca pendant au moins 48 heures, puis il devra se retrouver sur le site pour une période au moins équivalente à celle de la diffusion de l’article Les copains d’abord.
Mercredi midi, l’article, initialement mis en ligne le 17 juin 2011, était toujours en ligne.
Québecor Média a indiqué, sur son compte Twitter, que la Corporation Sun Media et Sophie Durocher en appelleraient du verdict.
Corporation Sun Media et Sophie Durocher en appelleront du jugement rendu dans la poursuite intentée par Gesca.
— Québecor Média (@QuebecorMedia) August 7, 2013
Québecor a aussi insisté sur le fait que la Cour supérieure avait confondu le rôle de Sophie Durocher, qui est «chroniqueuse et non pas journaliste».
Le jugement confond le rôle de Sophie Durocher. Elle est chroniqueuse et non pas journaliste.
— Québecor Média (@QuebecorMedia) August 7, 2013
La Cour suprême a reconnu le droit fondamental des chroniqueurs à leur liberté d’opinion.
— Québecor Média (@QuebecorMedia) August 7, 2013