Le Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM) s’est doté d’une technologie de pointe en transplantation pulmonaire, qui permettra de greffer plus de poumons et mieux.
«Les deux appareils de perfusion ex vivo représentent une acquisition avant-gardiste qui va aider à augmenter de 20 à 25% le nombre de greffes annuel», a déclaré lundi Dr Pasquale Ferraro, directeur chirurgical du programme de transplantation au CHUM. Plutôt que de mettre les poumons en attente de greffe dans un soluté de préservation à l’intérieur d’une glacière, où leur état se détériore en absence d’oxygène, les poumons seront dorénavant installés dans l’appareil de perfusion. Ce dernier recrée «l’environnement naturel» des poumons à l’aide d’une circulation de sang et d’oxygène. Il sera donc possible d’aller chercher des organes aussi loin que la ville de Calgary.
L’appareil permet aussi d’évaluer l’état de l’organe et d’effectuer, au besoin, des interventions pour améliorer les tissus avant la greffe. «On réduit énormément le risque de greffer un organe de mauvaise qualité… qui risque de causer la mort du patient», a soutenu le Dr. Ferraro.
En moyenne, 35 greffes de poumons sont réalisées chaque année au CHUM, qui est le seul établissement au Québec où se pratiquent les transplantations pulmonaires. À l’aide de la technologie de perfusion, qui permet d’augmenter la qualité et la quantité des greffes, la moyenne sera augmentée à 50, estime le Dr Ferraro.
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D’ici un mois, les chirurgiens du CHUM, qui est le seul établissement du Québec où se pratiquent les transplantations pulmonaires, pourront commencer à utiliser l’un des appareils. Le second sera mis à la disposition des chercheurs, notamment pour trouver des façons d’optimiser les transplantations. Le CHUM devient le deuxième endroit en Amérique du Nord, après Toronto, à disposer de machines de perfusion.
Dons d’organes par défaut?
Malgré les technologies qui permettent d’augmenter le nombre de transplantations réussies, les dons d’organes sont encore insuffisants pour combler les besoins sur les listes d’attente au Québec, a témoigné Louis Beaulieu, directeur général de Transplant Québec.
Dans certains pays, comme l’Espagne et la France, la loi considère que tout le monde est donneur d’organes par défaut, à moins que la personne indique son refus. Au Canada, le modèle est inversé. «Je crois qu’il serait intéressant d’avoir un débat social sur ce sujet, que les gens se prononcent en faveur ou non d’adopter le modèle du consentement présumé», estime-t-il.
M. Beaulieu tient à rappeler aux donneurs potentiels qu’ils doivent avertir leurs proches s’ils désirent donner leurs organes. À l’heure actuelle, on compte 20,2 donneurs décédés par million d’habitants. «Nous souhaitons augmenter cette moyenne à 25 donneurs par million d’habitants», ajoute-t-il.
