La jetée qui sera construite lors des travaux préparatoires du nouveau pont Champlain sur la rive Ouest de L’Île-des-Sœurs pourrait avoir un impact néfaste sur la migration et le frai de plusieurs espèces de poissons selon différents experts rejoints par TC Media.
Le début des travaux de la jetée a été retardé par Pêches et Océans Canada en raison de la migration des poissons, notamment de l’esturgeon jaune et des anguilles, qui a lieu chaque année du 15 avril au 15 juin.
Durant cette période, des restrictions s’imposent à l’égard de l’habitat du poisson pour maintenir les corridors de migration et minimiser la suspension de sédiments pour sa reproduction.
Katrine Turgeon, chercheuse postdoctorale en biologie des poissons au laboratoire du Dr. Irene Gregory-Eaves de l’Université McGill, rappelle que dès qu’on augmente la sédimentation, la dynamique peut changer assez intensément.
«Si les frayeurs, endroit où la reproduction a lieu, sont remplies de sédiments, il n’y a plus d’échanges d’oxygène entre les œufs et l’eau et c’est certain qu’ils meurent.»
«Trois trous»
Lors de la séance d’information du 8 juin, plusieurs résidents de L’Île-des-Sœurs se sont questionnés sur le sort des poissons pour les quatre prochaines années, bien que la jetée soit détruite après l’ouverture du pont. Le Groupe Signature Saint-Laurent (SSL) affirme avoir prévu des mesures pour la migration.
Marthe Robitaille, directrice de l’Environnement chez SSL, expliquait alors que la période de restriction s’applique pour les travaux en eau et qu’ils ont prévu des mesures d’atténuation pour éviter de perturber l’habitat naturel des poissons.
«Dans la jetée ouest, il y aura trois trous qui vont laisser passer les poissons pour maintenir l’espace migratoire, dont l’Esturgeon qui fraie dans le secteur du pont Mercier.»
Mme Turgeon croit pour sa part que la construction va affecter la migration, mais qu’il est difficile de mesurer à quel point. D’après elle, certains poissons doivent avoir un courant d’eau vraiment spécifique lors de leur migration.
«Si on met une barrière dans un écoulement normal, cela peut perturber la détection du courant. S’ils recréent un environnement vraiment similaire, l’impact sur ne sera pas trop important.»
Félix Gravel, responsable campagnes transport, GES et aménagement du territoire au Conseil Régional de l’Environnement, déplore le manque d’études sur l’habitat des poissons dans ce secteur.
«J’espère qu’ils ont un plan B si on se rend compte que les impacts de cette construction sont trop dommageables. Il faut réagir rapidement et ne pas être devant le fait accompli.»