MONTRÉAL — Le Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) réduit son effectif parce que le gouvernement du Québec lui refuse un financement supplémentaire pour son déménagement dans ses nouveaux locaux, selon l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).
Le syndicat précise que dans la seule catégorie d’emplois qu’il représente, l’équivalent de 18 postes à temps plein seront ainsi abolis. Le nombre de ces postes de travail avait pourtant fait l’objet d’une entente avec les syndicats en octobre 2015.
Le président de l’APTS, David Lemaire, espérait plutôt qu’on grossisse les rangs du personnel afin de faciliter la transition vers le nouveau CHUM. «La situation est déjà difficile au quotidien pour tous les employés qui sont surchargés et épuisés, a-t-il dit en entrevue, lundi. On voit difficilement comment ça va améliorer le service, surtout dans un nouvel environnement de travail où il va falloir s’adapter.»
Le syndicat met en cause le refus du gouvernement du Québec d’octroyer les sommes nécessaires au déménagement des hôpitaux Hôtel-Dieu, Notre-Dame et Saint-Luc vers le nouveau site.
L’APTS affirme que le CHUM modifie sa structure de postes en raison d’une dépense de 15,4 millions $ attribuable au réaménagement d’un pavillon et à la location de bureaux avoisinants pour 1200 professionnels et médecins.
«Avec la récente annonce des surplus budgétaires faits par le gouvernement, on voit difficilement comment le ministère n’a pas les sommes pour financer ce déménagement-là», a déclaré David Lemaire.
«Le nouveau CHUM, c’est quand même un projet d’envergure, ça devrait être un établissement dont tous les Québécois sont fiers», a-t-il ajouté.
Du côté du CHUM, on nie tout lien entre les coûts supplémentaires du déménagement et ces abolitions de postes. «Le calcul des effectifs est fait en fonction du portrait qu’on a aujourd’hui des activités prévues au nouveau CHUM», a dit la porte-parole Joëlle Lachapelle, ajoutant qu’il s’agit de «prévisions conservatrices» qui pourraient être révisées à la hausse.
Nathalie Chalifoux, responsable politique de l’APTS au CHUM, se demande comment un travail qui était qualifié de requis au plan clinique en 2015 peut être devenu superflu quelques mois plus tard.
Le syndicat soutient qu’en médecine nucléaire, par exemple, l’abolition de deux postes de technologues provoquera la fermeture d’une des salles d’examen neuves.
L’APTS a déposé un grief pour contester l’annulation unilatérale de l’entente sur la structure de postes signée à l’automne dernier.
Par ailleurs, David Lemaire estime que les autres catégories d’employés n’échapperont pas aux coupes budgétaires et anticipe même une vague de mises à pied du côté du personnel administratif, affilié à la CSN.
Joëlle Lachappelle n’a pas été en mesure de confirmer ni le manque à gagner de 15,4 millions $ ni l’éventualité que d’autres postes soient abolis.
Cependant, elle indique que le processus de dotation reprendra à l’automne prochain et que son interruption était due à un «changement des paramètres» de l’échéancier de livraison du nouveau CHUM.
Le déménagement des trois composantes du CHUM s’échelonnera sur plusieurs mois au printemps 2017: en avril pour l’Hôpital Saint-Luc, en mai pour l’Hôpital Notre-Dame et en juin pour l’Hôtel-Dieu.